La nouvelle Constitution entre officiellement en vigueur
Adoptée en février dernier par le Parlement algérien réuni en congrès, la nouvelle Constitution algérienne vient d’être publiée dans le journal officiel. Reste l’essentiel : la concrétisation dans les faits de certaines de ses dispositions présentées comme de "véritables avancées démocratiques".
La nouvelle Constitution algérienne est entrée officiellement en vigueur. Adoptée le 7 février dernier par le Parlement réuni en congrès, le texte est publié dans le journal officiel après sa signature par le président Bouteflika.Fortement critiquée par la majorité des partis de l’opposition qui la qualifie de « non consensuelle », cette nouvelle Constitution devrait être suivie d’un changement d’une série de textes de loi régissant la vie politique et publique.
Au moins une dizaine de textes dont la loi sur les associations, les partis politiques et la loi électorale, devrait être mise en conformité avec la nouvelle Constitution. Mais le plus important, selon les acteurs et les observateurs de la scène nationale, est le respect des dispositions constitutionnelles. Ainsi, le gouvernement algérien qui présente cette nouvelle Constitution comme une "révolution", est attendu au tournant.
Promettant le respect des droits de l’homme, des droits de l’opposition, des libertés individuelles et collectives, les tenants du pouvoir seront interpellés, désormais, sur ces questions. Des questions qui sont consacrées dans cette Constitution, comme d’ailleurs dans les précédentes. Mais dans la pratique, ces droits et libertés ne sont pas respectés. Leur violation est même assumée et justifiée. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent. Depuis le début des années 2000, plusieurs dispositions constitutionnelles ont été violées, à leur tête, le droit de créer des partis politiques, mis en veille pendant plus de dix ans.
La parenthèse ouverte entre 2011 et 2012, a été vite fermée et le pouvoir a verrouillé à nouveau le champ politique. La liberté de réunion, consacrée dans toutes les lois du pays, est elle aussi souvent malmenée. Les partis et les organisations souhaitant organiser des réunions publiques butent, toujours, sur le mur de l’administration qui refuse de leur accorder des autorisations, souvent sans aucun justificatif. L’accès aux médias publics, prévu dans la Constitution actuelle, reste un simple slogan creux et seuls les proches du pouvoir bénéficient de ce droit. Les leaders de l’opposition, eux, ne sont sollicités par la chaîne de télévision publique qu’à l’occasion des périodes électorales.
Ouverts largement aux proches du pouvoir, ces canaux publics sont hermétiquement fermés à l’opposition et aux organisations autonomes. L’autre question qui a toujours fait débat dans le pays est l’organisation des élections libres et transparentes. La Constitution actuelle promet le respect du choix populaires, mais en pratique, les consultations électorales sont toujours entachées de fraude. Les attentes sont nombreuses, mais leur satisfaction dépend d’une volonté politique des tenants du pouvoir.
Yacine Ouchikh