Algérie. La malédiction des ressources naturelles

 Algérie. La malédiction des ressources naturelles

Illustration / Mine de zinc – Photo : Lilian Cazabet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Décidément c’est à une véritable malédiction des ressources naturelles que les autorités algériennes ont à faire face à chaque fois que le palais de la Mouradia met la main à la pâte pour exploiter un minerai ou un autre.

 

Cette fois-ci, c’est la mise en service de la mine de zinc et de plomb de Tala Hamza, près de Béjaïa, qui devait démarrer le 1er septembre 2022 qui connaît des couacs bien avant sa mise en service. Alors que la compagnie algéro-australienne Western Mediterranean Zinc (WMZ) se préparait à démarrer l’exploitation et ce, dès le 1er septembre, une fronde des habitants a contraint les autorités à repousser l’ouverture de la mine. 

Pour évacuer les terrains, la direction de l’industrie et des mines a dû revenir en arrière depuis qu’un nouveau collectif de personnes revendiquant eux aussi la propriété de terrains dans cette zone, ont réclamé d’être indemnisés rubis sur ongle. Résultat, les autorités ont dû hausser le ton et avertir ces habitants que la décision d’évacuation sera appliquée par la force publique d’ici deux mois, à partir du 1er septembre, ce qui présage de troubles sociaux dans cette région.

Ce n’est pas la première fois que l’annonce de l’exploitation de minerais tourne à l’eau de boudin d’autant plus que le président Tebboune a fait de l’exploitation des gisements miniers et des terres rares une priorité pour remplacer le recours exclusif aux hydrocarbures, soumis aux aléas du marché, à la chute des prix du baril.

Dans la même veine sinon pire, il y a un mois de cela, dans une volonté flagrante de provoquer le voisin marocain, l’Algérie décide de lancer l’exploitation des mines de Ghara Jbilet situées sur la frontière maroco-algérienne. En s’accaparant les mines de Ghara Jbilet, les officiels algériens ont unilatéralement rompu les engagements pris avec le Maroc au début des années 1970 concernant l’extraction de minerai de fer dans cette enclave. 

En effet, le 15 juin 1972, la délimitation officielle de la frontière maroco-algérienne prévoyait l’exploitation conjointe du complexe minier de Ghara Jbilet. L’accord avait été publié au Journal officiel algérien le 15 juin 1973 et ratifié par le gouvernement marocain le 22 juin 1992, le sceau du roi Hassan II et du président Houari Boumediene faisant foi.

Si on remonte un peu plus loin, le scandale de l’Entreprise d’exploitation des mines d’or (ENOR), filiale du groupe Sonatrach, est encore dans toutes les mémoires en Algérie. Ce scandale qui avait éclaboussé le secteur des mines en Algérie avait été difficilement étouffé alors que l’Algérie y avait perdu pas moins d’un milliard de dollars. 

L’histoire remonte à l’époque du tristement célèbre Chakib Khellil qui avait bradé pour 14 millions de dollars à la compagnie australienne GMA (Gold Mines of Australia) en 2003, 52 % des actions de l’entreprise publique qui exploitait deux mines d’or dans le Hoggar, wilaya de Tamanrasset, à l’extrême Sud du pays. 

Les Australiens qui avaient promis la réalisation d’un programme d’exploitation, de recherche et d’investissement très ambitieux au niveau des mines de Tirek et Amesmessa, situées dans la province de Tamanrasset ont utilisé l’argent de banques algériennes, à l’instar de ce crédit d’exploitation de 67 millions de dollars, arraché à la Banque extérieure d’Algérie (BEA) pour financer « ces opérations d’investissement dans les mines d’or d’Amesmessa et de Tirek ». 

L’ex-directeur de l’ENOR à Tamanrasset avait d’ailleurs rédigé un rapport qui dénonce « plusieurs marchés douteux commis par les Australiens qui recouraient à des étrangers originaires d’Afrique du Sud et d’Afrique subsaharienne, payés jusqu’à 75 mille dollars par mois, du matériel d’occasion importé à coup de plusieurs milliers de dollars, tels des perforeuses et des camions importés d’Afrique du Sud, ainsi que des quantités considérables d’or transférées jusqu’en Suisse pour les besoins du raffinage, constituent autant de pratiques illégales » .

Voilà comment on brade les richesses du pays.