La colère des berbérophones

 La colère des berbérophones

Algérie. Manifestation en faveur de Tamazight devant le siège de la wilaya Tizi Ouzou


La rue gronde dans les régions berbérophones. Depuis quelques jours, des marches, organisées par des étudiants et des lycéens, se succèdent en Kabylie et dans le pays chaoui, pour protester contre le blocage par le Parlement algérien d’un amendement visant la promotion de Tamazight, pourtant hissée en 2016 au rang de deuxième langue officielle du pays.


L’amendement a été présenté par le Parti des travailleurs dirigé par Louisa Hanoun. Hier, trois manifestations ont eu lieu, l’une à Batna, dans les Aurès et les deux autres en Kabylie, à Bouira et Boumerdès plus précisément.


Dans la capitale des Aurès, une marche organisée par les étudiants de l’université Hadj Lakhdar et des militants associatifs a été durement réprimée par les forces de l’ordre. Regroupés devant l’enceinte universitaire vers 11h, quelques centaines d’étudiants ont voulu rallier le centre ville pour exprimer leur colère. Les forces de l’ordre les ont empêchés et nombre d’entre eux ont été emmenés au commissariat.


A Bouira, en Kabylie, quelques 5000 étudiants de l’université Akli Mohand Oulhadj ont battu le pavé de la ville, en compagnie de représentants de certains partis politiques, en entonnant plusieurs mots d’ordre, genre : « Pouvoir assassin. Assa azeka tamazight tella », « Bouteflika Ouyahia houkouma irhabia », « Gouvernement terroriste » , etc.


La veille, les étudiants du département langue et culture amazighes ont vu leur tentative de marcher étouffée dans l’œuf par les forces antiémeutes. Plusieurs étudiants ont été blessés et d’autres interpellés. 


Ne voulant pas rester en marge, des étudiants de l’université M'hamed Bougara de Boumerdès et des lycéens de la même wilaya ont marché eux aussi pour exprimer leur indignation.


Mais la plus grande mobilisation a été enregistrée lundi dans les wilayas de Bejaia et Tizi Ouzou. Dans la ville des genêts, pas moins de 20 000 personnes, des étudiants pour la plupart, sont descendues dans la rue en entonnant les mots d’ordre habituel en faveur de Tamazight et anti-pouvoir. Même topo dans la capitale des Hammadites, Béjaia, qui a vu un grand nombre de personnes, des étudiants dans leur majorité, manifester pacifiquement en faveur de Tamazight.


A signaler qu’à Béjaia et à Tizi Ouzou, lundi, mais aussi à Boumerdès et Bouira hier, la police a laissé faire et les marches n’ont été émaillées d’un quelconque incident.


Yacine Ouchikh