La belle revanche d’Ouyahia

 La belle revanche d’Ouyahia

Ahmed Ouyahia


 


Après une disgrâce de prés trois ans, Ahmed Ouyahia, chef de cabinet du président Bouteflika, récupère triomphalement les rênes de son parti et appelle à la constitution d’un Pôle constitué des partis proches du pouvoir. 


 


Chassé comme un malfrat, il y a de cela trois ans, de la direction de son parti, le Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, chef de cabinet du président Bouteflika, peut aujourd’hui savourer sa revanche. Il revient par la grande porte pour retrouver son fauteuil duquel il a été éjecté en janvier 2013, des suites d’une fronde menée par des ténors de son parti dont l’ancien ministre de la Santé Yahia Guidoum, un homme proche du général à la retraite Mohamed Betchine. Sans qu’il en soit demandeur.


C’est aujourd’hui (10 juin) à l’occasion d’un conseil national du RND que le retour triomphal de l’enfant prodige a été acté, après la démission forcée de l’effacé apparatchik Abdelkader Bensalah. Çà c’est pour le coté purement personnel.


Sur le plan politique, son nom est sur toutes les lèvres depuis quelques semaines déjà ; beaucoup se sont interrogés sur le comeback de celui qui aimait se définir comme le serviteur de l’Etat quand la vox populi, elle, l’affuble du sobriquet d’homme des sales besognes. 


Lors de sa prise parole juste après son plébiscite, Ahmed Ouyahia a levé un pan sur sa nouvelle mission : faire renaitre une alliance présidentielle qui, depuis une décennie, a servi de béquille au président Bouteflika.


Un appel est lancé par le grand revenant  aux partis proches du pouvoir( le FLN, le RND, le MPA et TAJ) qui partagent  « des choix politiques majeurs », à retrousser les manches pour mettre en place « un pôle » dans le but de « conforter collectivement notre soutien au président Bouteflika et à renforcer la voix de la majorité ».


Une réponse à la noria de partis d’opposition qui se sont regroupés depuis plus d’une année au sein d’une alliance assez offensive politiquement ? Certainement. Mais pas seulement.


Ceux qui, à la lumière d’un nombre de faits politiques majeurs (changement de gouvernement, plébiscite d’Amar Saadani à la tête du FLN, lettres de soutien du président Bouteflika et chef d’Etat-major de l’Armée Gaid Salah au même Saadani, etc), soupçonnent le pouvoir de préparer à l’insu des Algériens une succession-maison  de Bouteflika, y verront certainement une autre pièce d’un puzzle qui se met petit à petit en place.


Qui dit que ce pôle à la constitution duquel appelle Ahmed Ouyahia n’est pas conçu pour porter  la candidature d’un successeur qui sortira bientôt du chapeau d’un pourvoir des plus opaques et qui a plus d’un tour dans son sac ? Très plausible.


Et le tout nouveau secrétaire général du RND, connu pour son grand zèle, a tenu à réaffirmer son allégeance au président Bouteflika. « Nous demeurons pleinement engagés aux côtés du Moudjahid Abdelaziz Bouteflika, président de la République, auquel  nous adressons un salut fraternel et que nous assurons de notre soutien indéfectible dans tous les domaines et dans toutes les circonstances», clame-t-il.


Y compris à son choix  de son propre successeur ? Pas exclu.


Yacine Ouchikh