La Basmala divise les figures de l’Islam
Les tenants de l’Islam algérien ne parlent pas de la même voix sur l’affaire de la suppression de la "Basmala" dans les manuels scolaires, décidée il y a quelques jours par la ministre de l’Education Nouria Benghebrit.
Le premier à ouvrir le feu sur cette dernière est le président de l’association des Ulémas, Abderrazak Guessoum, qui, le 5 septembre à l’issue de la réunion de la direction nationale de son association, a qualifié la décision de Benghebrit d’« atteinte aux esprits de nos enfants, et en même temps à notre personnalité et à notre identité » dans l’objectif d’instaurer « une éducation laïque » dans l’école algérienne. Et à M. Guessoum d’accuser la ministre de l’Education de servir des intérêts autres que celui des réformes du système éducatif, avant de s’interroger si le ministère des Affaires religieuses et le haut conseil islamique ont été consultés sur la question.
S’exprimant sur la question, le président du haut conseil islamique (HCI), Bouabdellah Ghoulamellah, a essayé de dédramatiser les choses. « À mon avis, cette formule religieuse fait office d’en-tête, à l’instar de la phrase "République Algérienne Démocratique et Populaire". Sa mention sur un livre de physique ou de mathématiques ne signifie aucunement qu’il s’agit de manuels religieux, mais sa suppression n’a aussi aucune incidence sur le coût d’impression du livre », a-t-il affirmé, le 10 septembre. Et d’ajouter : « Nous proposerons à la ministre de l’inclure à nouveau dans les prochaines éditions du manuel scolaire, pour mentionner que l’État algérien est musulman ». Autrement dit, M. Ghoulamellah est contre la suppression de la Basmala dans les livres scolaires sans aller pour autant déclarer la guerre Mme Benghebrit.
La position du syndicat des Zaouias est tout autre, en exprimant un soutien franc à la ministre de l’Education. « C’est une décision juste qui témoigne d’une vision pointue de la ministre, de son éthique et de sa bonne gouvernance », soutient ce syndicat qui n’a pas hésité à charger les contradicteurs de Benghebrit qui, selon lui, visent à « polluer la vie quotidienne, à semer la "fitna", entre les Algériens sous prétexte de défendre la "basmala" ».
Yacine Ouchikh