L’ADE au cœur d’un scandale de pots-de-vin en Espagne
Une entreprise espagnole a, selon le quotidien espagnol El Mundo, versé des pots-de-vin à des cadres de la société algérienne ADE (l’Algérienne des Eaux).
Encore un scandale de corruption en Algérie. Alors que l’affaire Sonatrach II est en cours de traitement en Italie, une autre vient d’éclater en Espagne. Celle-ci met en cause des cadres de l’entreprise publique, l’Algérienne des Eaux. Ces derniers auraient perçu des dessous-de-table versés par l’entreprise espagnole Elecnor pour rafler un projet de dessalement d’eau de mer dans la wilaya de Tlemcen.
Selon le quotidien espagnol El Mundo qui a révélé l’affaire, les commissions seraient versées avec la complicité de l’ancien ambassadeur d’Espagne en Algérie, Gustavo de Aristegui (actuellement en poste en Inde) et Pedro Gomez de la Serna, député du Parti populaire espagnol (droite). Ces derniers sont, en tout cas, soupçonnés d’avoir touché plusieurs millions d’euros de commission via leur société Voltar Lassen, suite à l’obtention de contrats publics par des sociétés espagnoles en Afrique et en Amérique Latine.
A l’origine de l’affaire, deux lettres déposées au service anticorruption espagnol par un ancien associé de Voltar Lassen. Dans ces missives, on apprend que Cristobal Tomé, un intermédiaire présent en Algérie, indique avoir versé de l’argent à des membres des familles des responsables de l’Algérienne des Eaux pour l’obtention d’un contrat de construction et de montage d’une canalisation dans le cadre du projet de station de dessalement d’eau de mer à Souk Tleta, dans la wilaya de Tlemcen. Ce contrat d’un montant de 250 millions d’euros permettait à Arístegui et De la Serna de toucher une commission de 1% via leur société Voltar Lassen.
Dans ces écrits qui date de 2012, l’intermédiaire espagnol indique explicitement avoir procédé à des versements, la plupart effectués par Western Union vers la France et « destinés aux familles des dirigeants de l’entreprise publique ». Il affirme être en mesure de prouver ce qu’il dit. Voyant que ces paiements tardent à arriver, l’intermédiaire a écrit un second courrier dans lequel il indique que le neveu d’un des dirigeants algériens (supposément le Directeur Général de la société) est hospitalisé à Paris et attend le versement de 10 000 euros.
Il ajoute que le non-paiement du reste de la somme le discrédite personnellement auprès de ses interlocuteurs algériens et pourrait compromettre « les futures relations avec l’oncle ». Cristobal Tomé, qui travaille en Algérie depuis 30 ans, admet à El Mundo qu’il faille « payer pour faciliter les affaires » et assure que la société Elecnor n’a pas versé d’argent malgré une facture qui s’élèverait à 575 000 euros.
Voilà donc une nouvelle affaire qui éclaboussera un secteur qui a été, jusque-là, épargné par le phénomène de la corruption qui a tendu ses tentacules dans le pays.
Yacine Ouchikh