5 juillet sur fond de mobilisation
Depuis le début du mouvement, les figures historiques des héros de la libération ont toujours fait office de référence. Ce vendredi 5 juillet, fête de l’indépendance, les grands martyrs de la révolution de 1962 ont accompagné plus que jamais la mobilisation.
Plusieurs millions d’Algériens, à travers tout le pays, ont répondu présents pour ce 20e vendredi.
Coïncidant avec la fête nationale, cet événement était très attendu dans la capitale, mais aussi à travers toute l’Algérie. Hautement symbolique, ce fut l’occasion de marquer à nouveau le souhait de rupture avec un système mis en place depuis la libération du pays.
Dans la capitale, la majorité des slogans appelaient à la fin de 57 années de dictature militaire, et au triomphe de la souveraineté nationale.
Au fil des heures, la Grande Poste, centre névralgique d’Alger, est devenue le lieu de toutes les festivités. Des familles entières s’y sont donné rendez-vous pour fêter cette journée particulière, sans perdre de vue leurs revendications.
Sur des banderoles géantes, on pouvait lire : » 1962 indépendance du sol, 2019 indépendance du peuple » ou encore « Le peuple veut que vous partiez tous »
L’hymne national a été repris par des foules entières drapées de l’emblème du pays.
Des jeunes se sont hissés sur un réverbère pour y accrocher le drapeau berbère, en guise de réponse au chef de l’État major Ahmed Gaid Salah ayant donné l’ordre d’interpeller tout manifestants en sa possession. Depuis quelques semaines, de nombreuses personnes ont été incarcérées pour avoir arboré le symbole amazigh au moment des rassemblements.
La détermination et la ferveur étaient plus que palpables, les femmes, fidèles au poste chaque vendredi depuis le 22 février, ont également voulu donner à leur présence un caractère revendicateur. Plusieurs d’entre elles ont scandé des messages de liberté avec une banderole « Nos droits c’est tout le temps et partout » sur laquelle on pouvait voir les portraits des Algériennes ayant marqué l’Histoire du pays.
Du côté des partis politiques d’opposition, la présence fut également importante. Ils se sont tous donné rendez-vous à la place du 1er mai, afin d’entamer une marche vers la Grande Poste. Leur revendication majeure était la libération des détenus d’opinions. Le dernier en date étant Lakhdar Bouregaa, héros de la guerre d’Indépendance, arrêté la semaine dernière par les services de sécurité pour ses prises de position contre le pouvoir en place. Cette marche commune était également l’occasion d’afficher le travail mené en amont depuis quelques semaines par ces partis afin de construire une force d’alternative démocratique.
Les Algériens, comme à leur habitude depuis le début du Hirak (mouvement en arabe), n’ont pas manqué de solidarité : distribution de bouteilles d’eau, mais aussi de sandwichs. Certains ont même pris la peine d’apporter des brumisateurs, afin de rafraîchir les manifestants sous un soleil accablant.
Les Algériens ont marqué cette journée historique dans la bonne humeur, mais en lui donnant un visage politique, souhaitant ainsi se présenter comme les uniques acteurs de leur avenir.