Ils risquent 10 ans de prison pour avoir manifesté avec un drapeau kabyle

 Ils risquent 10 ans de prison pour avoir manifesté avec un drapeau kabyle


On croit rêver. Ils risquent 10 ans de prison pour avoir manifesté avec un drapeau kabyle. Dix-sept sur les 19 manifestants présentés dimanche 23 juin devant les tribunaux de Sidi M’hamed et de Bab El Oued (Alger) pour « port du drapeau amazigh » ont été placés sous mandat de dépôt, comme le révèlent nos confrères d'El Watan. Poursuivis pour « atteinte à l’emblème national », ils encourent jusqu’à 10 ans de prison.


Comme chaque vendredi, ils participaient aux rassemblements pacifiques pour faire dégager l'oligarchie au pouvoir depuis 1962 quand ils ont été arrêtés par la police.


Selon El Watan, la réaction des forces de l'ordre fait visiblement suite aux déclarations du chef d’état-major algérien, Ahmed Gaïd Salah, qui a dénoncé, dans un discours prononcé mercredi 19 juin, les « tentatives d’infiltration des marches populaires, au cours desquelles des drapeaux autres que l’emblème national sont brandis par d’infimes minorités ». Le général a précisé que « des ordres et instructions fermes ont été donnés aux forces de sécurité afin de faire respecter strictement les lois en vigueur et de faire face aux individus qui essayent d’attenter à nouveau aux sentiments des Algériens ».


Selon Me Noureddine Benissad, président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH) et membre du collectif des avocats des détenus aucune disposition pénale ne prévoit une telle infraction. « L’atteinte à l’unité nationale, prévue dans l’article 79 du Code pénal, concerne uniquement des actes graves comme la trahison, l’espionnage ou le terrorisme », rappelle-t-il.


Dans une déclaration rendue publique après le réquisitoire du procureur, la LADDH a dénoncé un « antécédent grave », qui rappelle les années 1980. « C’est en décalage avec les avancées réalisées depuis et même consacrées dans la Constitution (…). Le verdict de vendredi dernier est sans appel. L’union nationale une fois retrouvée est attaquée par les tenants du système », dénonce la LADDH.