Il y a 21 ans Lounes Matoub était assassiné
Il y a 21 ans, le chanteur et poète kabyle Lounès Matoub, héros de tout un peuple, était lâchement assassiné. Son franc-parler, son courage à toute épreuve, sa détestation qu'il vouait aux fanatiques religieux, mais aussi au pouvoir algérien lui ont été fatals.
Plus de deux décennies plus tard, et alors que le peuple algérien manifeste chaque vendredi pour « dégager » l'oligarchie en poste depuis 1962, son portait est brandi à chaque rassemblement. Véritable icône, il reste le symbole du combat, d’une lutte et d’un engagement non seulement pour l’amazighité, mais aussi pour les libertés et la démocratie.
Le jeudi 25 juin 1998, à 13h45, Lounes Matoub est abattu au volant de sa Mercedes noire, criblée de balles par une dizaine d’hommes cachés dans un virage, sur une route du Djurdjura. L’annonce de sa mort provoque alors de violentes émeutes à Tizi Ouzou, capitale de la Grande Kabylie. Trois jours plus tard, dimanche 28 juin, des dizaines de milliers de personnes se réunissent à Taourirt Moussa, son village, pour rendre un dernier hommage au combattant farouche de la démocratie et de la culture berbère, à l’occasion de ses funérailles qui se déroulent aux cris de « pouvoir assassin ». En France aussi, la disparition du rebelle provoque l'émoi. À Paris, plusieurs milliers de personnes se réunissent sous une chaleur accablante.
Le 25 juin reste une date importante, pour l’Algérie, pour la Kabylie qui a perdu un de ses plus vaillants enfants, un de ses infatigables défenseurs. La demeure de Lounès et sa tombe sont devenues un lieu de pèlerinage pour plusieurs générations. Elles viennent rendre hommage au rebelle, mais viennent aussi exprimer leur gratitude à l’artiste qui disait : « Je préfère mourir pour mes idées que de lassitude ou de vieillesse dans mon lit. »
Mouss et Hakim, les deux frères, chanteurs vedettes du groupe mythique Zebda, ne tarissent pas d'éloges à l'égard de l'icône kabyle. « Avant tout et au départ, Matoub Lounes est un grand mélodiste et musicien. Il a composé et écrit des dizaines de chansons avec un talent fou. On se souvient de vacances en Algérie et de la place qu'il prenait dans le cœur des gens, c’était fou ! », racontent-ils. « Au fond de nous, on avait envie de pouvoir autant toucher les gens », continuent Mouss et Hakim
Les deux chanteurs aimaient aussi l'homme. « Il était une personnalité, engagée, sans concession, libre et il n’avait peur de rien, un peu kamikaze même », sourient-ils. « Il aurait été tellement fier de voir le peuple algérien se soulever de cette manière », concluent Mouss et Hakim.