Algérie. Il y a 22 ans, Lounes Matoub était assassiné
Il y a vingt-deux ans, jour pour jour, le 25 juin 1998, Matoub Lounes, artiste engagé en faveur de la reconnaissance de la culture et de la langue kabyle, était assassiné lâchement devant son épouse et de ses deux belles-sœurs pas très loin de chez lui.
Sur une route de Kabylie, alors qu’il regagne son domicile, son véhicule est attaqué par un groupe de plusieurs hommes. Le chanteur est ensuite extrait de sa voiture et tué à bout portant. Lounes Matoub se savait en danger, mais il n’était pas du genre à se cacher. En septembre 1994, quatre ans avant sa mort , il est kidnappé par un groupe terroriste, avant d’être libéré deux semaines plus tard grâce à une forte mobilisation populaire. En 1988, en plein soulèvement de la jeunesse algérienne qui entend protester contre la misère, un gendarme lui tire dessus. Cinq balles au total. Après huit mois d’hospitalisation et quatorze opérations chirurgicales, Lounes Matoub réapparaît sur des béquilles, debout, pour un immense concert au stade de Tizi-Ouzou.
« Vingt-deux ans après sa mort, Lounes Matoub laisse derrière lui un répertoire unique. Ses chansons et ses poèmes sont ancrés dans son engagement en faveur de la démocratie, de la défense de la culture kabyle et de sa langue, malmenées par la politique d’arabisation massive qui fut la matrice idéologique de la guerre de Libération algérienne. S’il y célébrait sa mère, les beautés de sa culture et de ses traditions, il n’hésitait pas à dénoncer les abus du pouvoir comme quand il demandait des comptes sur l’assassinat du président Mohamed Boudiaf en 1992», explique Naïma Yahi historienne et spécialiste de l’Histoire culturelle de l’immigration maghrébine. « Son assassinat reste une blessure importante tant en Algérie que pour la diaspora algérienne installée en France. Mais sa disparition n’a pas attristé uniquement la communauté algérienne. Ce sont toutes celles et tous ceux qui rêvent de paix, d’égalité et de liberté d’expression pour l’Algérie qui ont été touchés par sa mort », conclut l’historienne.