Ghardaïa : l’Armée à la rescousse
Il aura fallu plus de 20 morts et plusieurs dizaines de blessés pour que les autorités algériennes réagissent. Après avoir envoyé dans la matinée le ministre de l’Intérieur et quelques responsables dont le patron de la police, le président Bouteflika a convoqué cette après-midi une réunion d’urgence.
Les affrontements intercommunautaires font rage dans la vallée du M’zab. Une vingtaine de morts (22 plus exactement) et plusieurs dizaines de blessés en une journée ! En proie à de sanglants heurts communautaires depuis plus d’une année, la wilaya de Ghardaïa a connu dans les journées d’hier et d’aujourd’hui une nouvelle et sanglante escalade. C’est à El Guerrara, à 115 km au nord-est du chef lieu de wilaya, que l’on a enregistré le plus grand nombre de victimes, soit 19. Des hommes encagoulés et circulant à moto sèment mort et désolation. Paradoxalement, les éléments des Unités républicaines de sécurité (URS), pourtant sensés assurer l’ordre et la sécurité des biens et des personnes, ont tout bonnement refusé, hier à Berriane, de s’interposer entre les deux camps en conflit, arguant le manque de moyens!
L’Arméeprend le contrôle
Aussi, les autorités ont décidé d’envoyer à Ghardaïa le chef de la 4ème région militaire dans l’espoir de rabibocher arabes et mozabites. « Suite aux événements qu’a connus la région d’El Guerrara à Ghardaïa à l’aube d’aujourd’hui 8 juillet 2015, où l’on déplore le décès d’un jeune âgé de 17 ans et la blessure de deux autres et en exécution des instructions du Haut Commandement visant à renforcer les efforts menés par les différentes institutions officielles et les représentants de la société civile afin de concilier et renforcer la cohésion sociale et faire régner la quiétude dans la ville, le commandant de la 4e région militaire, le général-major Cherif Abderazak, s’est rendu, aujourd’hui, dans la ville de Ghardaïa où il s’est enquis de la situation », a indiqué hier le ministère algérien de la Défense.
Les mozabites se mobilisent
Pour dénoncer la violence dont est victime leur communauté,les notables mozabites se sont réunis aujourd’hui à Ghardaïa pour appeler ensuite à une grève générale. Aujourd’hui toujours, les mozabites ont organisé un rassemblement à Alger pour alerter l’opinion nationale publique sur le drame qui se joue dans la cité ibadite. « Non au terrorisme à Ghardaïa », « Je suis Ghardaïa : crimes contre l’humanité »sont entre autres les mots d’ordre arborés sur des pancartes. Mal leur en pris, la police a brutalement intervenu pour les disperser, en faisant plusieurs blessés.
Réaction tardive de Bouteflika
Après avoir envoyé dans la matinée le ministre de l’Intérieur et une flopée de responsables dont le patron de la police, le président Bouteflika a convoqué cette après-midi une réunion d’urgence à laquelle ont pris part le premier ministre Abdelmalek Sellal , le patron de l’Armée Gaïd Salah et le chef de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia. Plusieurs mesures ont été prises dont la plus importante a été de charger le chef de la 4ème région militaire (Ouargla) de «superviser l’action des services de sécurité et des autorités locales concernées pour le rétablissement et la préservation de l’ordre public à travers la wilaya de Ghardaïa ». Autrement dit, c’est l’Armée qui gérera désormais la situation comme réclamé par les mozabites qui accusent la police de s’être rangée du côté des Chaambis.
Yacine Ouchikh