17 octobre 1961 : « Toute l’histoire n’a pas été dite, toute l’histoire n’a pas été dévoilée »
En 2012, lors d’une visite officielle en Algérie, François Hollande reconnaissait la « sanglante répression » par la police française de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961. Ce jour-là, alors qu’ils défilaient contre l’instauration d’un couvre-feu discriminatoire, des milliers d’Algériens ont été arrêtés, emprisonnés voire tués. 55 ans plus tard, alors qu’un rassemblement de commémoration était organisé hier soir à Paris (17 octobre), les zones d’ombres demeurent et le ressentiment persiste.
Zones d’ombre
« Toute l'histoire n'a pas été dite, toute l'histoire n'a pas été dévoilée » selon Mohamed Ben Saïd, membre de la fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux Rives (FTCR) et du Comité de respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT).
Si les déclarations de François Hollande avaient suscité un espoir, aujourd’hui les associations ne peuvent que constater : « Il n'y a rien de visible, tangible ou audible qui s'est passé depuis les déclarations de François Hollande en 2012. Il faudrait qu'on ait avancé un peu plus dans l'histoire, dans l'ouverture des archives ». Pouvoir enfin exposer les faits tels qu’ils se sont produits et la reconnaissance par le gouvernement du rôle qu’à eu l’Etat : « Il y a une volonté de dépasser tous ces événements, une volonté d'améliorer le vivre-ensemble. Nous voulons bien accepter cette histoire mais il faut que la République admette ses fautes » explique Mohamed Ben Saïd.
Nouvelles générations
« Cette histoire n'est même pas enseignée à l'école, elle est donc mal vécue par une bonne partie de la population » rappelle le membre de la FTCR. Une histoire dont les plus anciens ne peuvent pas faire le deuil et dont les jeunes générations n’ont que quelques bribes.
Pour assurer leur rôle dans la transmission de l’histoire, les associations réclament la transparence par rapport à cet événement tragique : « Tout ceci pourrait crédibiliser le discours des associations auprès des jeunes, des nouvelles générations. Nous sommes démunis, nous n'avons pas de message d'optimisme à adresser aux jeunes. Nous sommes bloqués ».
Avancer, dépasser cette histoire, que la France la reconnaisse et l’intègre dans son « roman national », voici ce qu’il manque pour que la page puisse être tournée. Malheureusement, les événements du 17 octobre 61, et d’autres, semblent destinés à rester dans l’ombre, si ce n’est dans le déni : « Aujourd'hui c'est le 17 octobre, demain ce sera Mehdi Ben Barka, le 25 octobre. Il faut juste que ces histoires là soient connues, ce sont des histoires qui ont 40, 50 ans. Nous ne disons pas qu'après ce sera oublié mais au moins nous aimerions savoir ce qu'il s'est passé »…
F. Duhamel