Le soutien franc de Hollande à Bouteflika
On croirait entendre un soutien inconditionnel du président algérien et non pas un chef d’Etat étranger. « Le président Bouteflika m’a donné une impression de grande maîtrise intellectuelle», a lâché François Hollande lors d’une conférence animée hier soir à Alger, au terme de sa courte visite en Algérie.
Et de pousser le bouchon un peu plus loin : « c’est rare de rencontrer un chef d’État qui a cette capacité de jugement ». « Sur le plan physique, il ne peut pas se déplacer facilement, mais il a toutes ses capacités pour apporter sa sagesse et son jugement pour régler les crises », insiste encore Hollande.
Un chapelet de louanges qui rappelle la fameuse phrase commise par l’actuel ministre du Commerce Amara Benyounes sur le président Bouteflika pour convaincre de sa capacité à diriger le pays. « Bouteflika ne va pas gérer l'Algérie avec ses pieds mais sa tête (…) Le cerveau de Bouteflika fonctionne mieux que tous nos cerveaux réunis », l’avait-il encensé lors de la dernière campagne électorale.
Mais François Hollande a planté le décor d’un soutien franc à Bouteflika bien avant sa rencontre avec les journalistes. Après avoir déposé une gerbe de fleurs au carré des Martyrs à Alger, en compagnie d’Abdelkader Bensalah, le président français ne s’est pas empêché d’aller à quelques flatteries genre : « Avec le président Bouteflika, nous avons établi une relation d’extrême confiance. Ses conseils, sa vision du monde sont particulièrement précieux ».
Un exercice qu’il reprendra juste après son tête-à-tête avec son homologue algérien en qualifiant leur entretien de « substantiel » et de « chaleureux ». « Cela est très important, cette relation personnelle que j'ai pu établir avec le président Bouteflika va nous permettre de renforcer nos liens sur les plans économique, culturel et humain», a-t-il estimé.
Peut-on alors dire que François Hollande a fait le déplacement à Alger rien que pour assurer son ami Bouteflika, très contesté par une opposition de plus en plus organisée et forte, de son franc soutien ?
Non. Le chef d’Etat français n’a pas perdu de vue l’essentiel : l’économique et la nécessité de renforcer la position dominante des entreprises françaises en Algérie. «Je rappelle que la France est le premier partenaire économique, entend le rester et même entend encore développer sa présence. Il y a l’installation (en Algérie) d’entreprises importantes : Renault, Sanofi, Alsthom et bientôt encore Peugeot », lançait-il, le pied à peine mis sur le sol algérien.
Bien évidemment, dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant qui permettra la création de postes d’emplois et donc de l’espérance pour la jeunesse des deux pays.
Yacine Ouchikh