Algérie française : la gauche en colère après un discours négationniste à l’Assemblée nationale
Moment « gênant », député « heurté », « dégoût ». Plusieurs élus de la coalition de gauche Nupes ont fustigé mardi la référence à l’Algérie française dans le discours inaugural du député RN José Gonzalez. En ouverture de la nouvelle législature, le doyen de l’Assemblée, pied-noir natif d’Oran, a évoqué sa terre natale à laquelle il a été « arraché ».
« J’ai laissé là-bas une partie de ma France », à l’indépendance de l’Algérie en 1962, a affirmé José Gonzalez dans une brève allocution. S’interrompant même un instant sous le coup de son émotion. Plusieurs élus de la Nupes ont fustigé mardi cette référence à l’Algérie française. L’élu d’extrême droite présidait la première séance de la nouvelle législature en sa qualité de doyen.
L’écologiste Julien Bayou s’est dit « heurté ». Même si le doyen a été « prudent et a évoqué son cas personnel (…) C’est vraiment problématique. Nous, on n’a pas applaudi ». Le Rassemblement national « veut montrer patte blanche, mais ça explose dès le premier discours », a commenté sa collègue députée EELV Sandrine Rousseau.
« C’était assez gênant », a jugé le N°1 du parti socialiste Olivier Faure devant la presse. La présidente du groupe LFI Mathilde Panot a accusé le RN de faire « l’apologie de l’Algérie française et des crimes de la colonisation ». L’insoumis Thomas Portes a fait part de son « dégoût ».
« Je ne suis pas là pour juger pour savoir si l’OAS a commis des crimes »
« Nous, les rapatriés d’Algérie (…) on a laissé là-bas une partie de la France qu’on aimait. C’était important de dire qu’on a aimé la France de là-bas et qu’on aime la France d’ici. Nous sommes de vrais patriotes », a justifié José Gonzalez, 79 ans, au micro de LCP.
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« Venez avec moi en Algérie dans le Djebel, je vais vous trouver beaucoup d’Algériens qui vont vous dire : quand est-ce que vous [les Français] revenez ? « , a déclaré l’élu des Bouches du Rhône devant les médias à sa sortie de l’hémicycle. Lorsque ceux-ci l’ont interpelé sur les crimes de la France en Algérie, le député a préféré les ignorer. En lançant : « Je ne suis pas là pour juger pour savoir si l’OAS a commis des crimes ou pas. »
Jean-Marie Le Pen compte féliciter José Gonzalez
Dans le reste de son discours plus classique, José Gonzalez avait salué un « symbole d’unité française » avec le rassemblement de tous les députés au Palais Bourbon, « un lieu d’histoire » et « d’espoir ». Le président du RN Jordan Bardella a salué globalement un « discours émouvant et rassembleur ».
L’ancien chef du Front national, ancêtre du Rassemblement national, Jean-Marie Le Pen, compte appeler José Gonzalez. Il souhaite le féliciter et le rencontrer, a indiqué son conseiller Lorrain de Saint-Affrique. Lui-même salue un discours « d’un équilibre et d’une finesse remarquables ».
Le règlement prévoit que le doyen d’âge préside la première séance. Ce n’est pas une première pour l’extrême droite. En 1986, un allié du Front National, Edouard Frédéric-Dupont, avait ouvert la huitième législature à la place de Marcel Dassault, plus âgé, mais malade. José Gonzalez a d’ailleurs rendu hommage à ces deux responsables politiques.