Emprisonné pour un mème
Walid Kechida, jeune algérien, a été placé lundi en détention provisoire. D’après son avocat Me Moumène Chadi, il est poursuivi pour avoir publié des mèmes, des images virales comiques ou satiriques détournées sur les réseaux sociaux, jugés offensants par la justice algérienne. Il encourt jusqu’à 5 ans de prison.
Le juge d’instruction du tribunal de Sétif a demandé le placement en détention du jeune homme accusé d'« outrage à corps constitué », d'« offense au président de la République » et d'« offense aux préceptes de l’islam ». « C’est trop d’accusations pour de simples publications sur Facebook », s’est indigné Me Chadi, ajoutant que le juge d’instruction « voulait justifier le mandat de dépôt », c’est-à-dire un ordre de détention, à l’encontre de son client, qui ne cache pas son soutien au Hirak, le mouvement de contestation du régime qui agite le pays depuis plus d’un an.
L’avocat a souligné que la détention provisoire de personnes n’ayant pas commis de « crimes graves » était d’autant plus regrettable durant la pandémie de Covid-19, qui représente un risque supplémentaire pour les détenus. D’ailleurs, « la comparution de Walid Kachida, devant le juge, n'est pas conforme aux instructions du ministre de la Justice concernant la suspension des procédures judiciaires », estime Me Chadi.
Depuis le début du Hirak en février 2019, des militants sont régulièrement poursuivis pour leurs publications sur les réseaux sociaux. Les mèmes politiques sont très prisés de la jeunesse algérienne. Le groupe « Hirak Memes » sur Facebook, un des plus suivis, a plus de 16 000 membres et se dit « ouvert à toutes les tendances, aussi bien ceux qui sont pour que ceux qui sont contre la Révolution ». « Nous ne sommes pas parfaits […]. Mais nous voulons créer un climat rassembleur afin de briser le silence et d’ouvrir un débat démocratique », plaide ce groupe.
Selon le dernier décompte du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une cinquantaine de personnes sont actuellement en détention dans les prisons algériennes pour des faits liés au Hirak.