Hirak : des protagonistes du documentaire inquiétés par la police

 Hirak : des protagonistes du documentaire inquiétés par la police

Alger ne digère vraiment pas la diffusion de deux documentaires sur le Hirak à la télévision française. Après la réaction diplomatique, c’est au tour de la police d’inquiéter ceux qui ont participé à la réalisation de ces reportages.

Le documentaire « Algérie Mon Amour » diffusé le 26 mai par France 5 proposait aux téléspectateurs le regard de cinq jeunes activistes du mouvement qui secoue l’Algérie depuis février 2019. Parmi eux, Mehdi, diplômé chômeur, a été entendu samedi par la police à Oran (nord-ouest), avant d’être relâché.

« Mehdi a été retenu durant près de 14 heures. Quel est le but de cette convocation ? On ne lui a rien reproché, aucune inculpation. On lui a posé un tas de questions et demandé des tas de renseignements », a expliqué Me Farid Khemisti à l’AFP.

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Un autre jeune, un guide touristique de l’association culturelle « Bel Horizon » qui avait servi d’accompagnateur au réalisateur, a été interrogé près de deux heures dimanche puis relâché sans aucune inculpation, a ajouté l’avocat. Le responsable de la même association a été entendu lundi, selon la même source qui précise que d’autres personnes liées au tournage du film ont été convoquées ultérieurement à Oran.

Mehdi et d’autres jeunes algériens d’Alger, d’Oran et de Tizi Ouzou ont été interviewés par Mustapha Kessous, un journaliste français d’origine algérienne, pour « se raconter et raconter leur pays » dans un documentaire sur la jeunesse et le mouvement populaire antirégime. Ils ont témoigné sur un ton très libre et sans tabou des frustrations d’une certaine jeunesse algérienne, sur fond de contestation politique.

Un documentaire à sens unique

Mouvement sans précédent en Algérie, le Hirak a ébranlé le pouvoir pendant plus d’un an jusqu’à sa suspension à la mi-mars en raison de la pandémie de Covid-19. Ce documentaire, qui occulte notamment l’importante frange conservatrice et islamiste du mouvement de protestation, a déclenché de vifs débats sur les réseaux sociaux.

Les autorités ont réagi par le rappel « immédiat » pour consultations de l’ambassadeur d’Algérie à Paris, Salah Lebdioui. Le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé « une attaque contre le peuple algérien et ses institutions », dont l’armée. C’est la seconde fois seulement, dans l’histoire des tumultueuses relations franco-algériennes, qu’un ambassadeur d’Algérie en France est publiquement rappelé à Alger depuis l’indépendance en 1962.

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