Des partis demandent la réouverture des frontières algéro-marocaines
Le dossier des frontières algéro-marocaines, fermées depuis 1994, s’invite au débat politique en Algérie.
Considéré comme un tabou, depuis vingt-ans, la demande de réouverture des frontières terrestres entre l’Algérie et le Maroc revient au devant de la scène au début de la semaine en cours. Des partis politiques le demandent publiquement. Lors d’un meeting populaire animé, samedi 13 février dernier à Alger, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, plaide ouvertement pour la résolution définitive de cette question qui freine, des années durant, la réalisation de l’Union maghrébine et l’intégration des Etats nord-africains.
« C’est très important, particulièrement en cette période de crise. Nous avons intérêt à démultiplier les pistes pour trouver des solutions idoines. C’est quand même malheureux qu’en 2016, les frontières entre l’Algérie et le Maroc restent fermées et les gens trouvent normal que personne n’en parle », déclare-t-il.
Citant des conflits vieux de près d’un demi-siècle qui ont trouvé une issue, à l’image du rétablissement des relations diplomatiques et économiques entre les pays de l’occident et l’Iran et la levée du blocus imposé par les USA à Cuba, le leader du RCD précise que l’Algérie et le Maroc avaient été, par le passé, confrontés à des problèmes plus graves sans pour autant imposer la fermeture de leurs frontières.
« Les frontières avec le Maroc sont fermées depuis 1994, à l’époque du président Liamine Zeroual. En plus, il y a eu par le passé des problèmes beaucoup plus graves avec le Maroc, notamment la guerre des sables en 1963, mais les frontières n’ont pas été fermées. Même chose en 1975, au début du conflit du Sahara Occidental puisque les frontières ont fini par être réouvertes », rappelle-t-il.
Avant le RCD, un autre parti, le Front des forces socialistes en l’occurrence, a également appelé, à maintes reprises, à la réouverture des frontières entre les deux pays. Cette formation politique appelle à « la construction d’un Maghreb des peuples ».
Le conflit sahraoui et l’attentat de Marrakech
L’idée est même partagée par des partis proches du pouvoir, en l’occurrence le front de libération national (FLN) et le rassemblement national démocratique (RND). Mais ces derniers préfèrent plutôt s’aligner sur la décision officielle des autorités algériennes. « C’est une question qui relève du ministère des Affaires étrangères », expliquent les responsables de ces deux partis.
La fermeture des frontières entre les deux pays remonte à 1994. Suite aux attentats de Marrakech, le Maroc, pensant que des terroristes algériens étaient à l’origine de cette attaque, a décidé d’imposer le visa aux Algériens. Appliquant le principe de la réciprocité, les autorités algériennes de l’époque ont décidé, à leur tour, de rétablir le visa et de fermer les frontières.
Ce n’est qu’au milieu des années 2002 que les deux pays ont décidé de supprimer à nouveau le visa. Mais les autorités algériennes ont maintenu la fermeture des frontières, malgré les appels lancés, à maintes reprises, par le roi du Maroc Mohamed VI et son gouvernement. Sans succès.
Avec la dissolution du DRS, le président Bouteflika, un natif du Maroc, accédera-t-il enfin à cette demande? C’est le souhait en tout cas des peules algérien et marocain d’en finir avec cet anachronisme pour pouvoir circuler librement.
Yacine Ouchikh