Des journaux algériens déplorent l’attaque de Messahel contre le Maroc
Deux grands journaux indépendants et les plus emblématiques du landernau médiatique algérois, El Watan et Liberté précisément, ont déploré l’attaque du ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, contre le Maroc en la qualifiant de « bourde diplomatique ».
« Les propos surprenants du chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel, tenus lors de l’université d’été du Forum des chefs d’entreprise (FCE), ne passent pas. Et pour cause, en estimant que l’Algérie est le seul pays « stable » en Afrique du Nord, notre ministre des Affaires étrangères a nettement froissé les États voisins en leur jetant ainsi l’anathème », commente Liberté dans un article intitulé « Quel avenir pour Messahel ? ».
Et l’auteur de l’article d’enfoncer le clou : « Cette bourde diplomatique est d’autant plus inexcusable qu’elle émane d’un ancien ministre des Affaires maghrébines et africaines et de la Ligue arabe dont il était attendu précisément un rapprochement, voire un dialogue, avec les pays voisins ».
Avec « ce dérapage incontrôlé », le chef de la diplomatie algérienne ne peut plus, aux yeux de Liberté, se prévaloir d’une quelconque crédibilité, non sans souligner que « sous d’autre cieux, son sort aurait été vite scellé par un limogeage illico presto. À tout le moins, il aurait fait l’objet d’un rappel à l’ordre ».
Si Liberté incombe la responsabilité de la bourde à la seule personne du ministre des Affaires étrangères qui, faut-il sans doute le souligner, est un homme de confiance du chef de l’Etat, le journal El Watan, lui, y voit le résultat de la mauvaise gouvernance du pays. Dans un édito intitulé « Le crépuscule de la diplomatie », le très sérieux quotidien algérois El Watan, qui n’est pourtant pas connu pour cultiver une quelconque sympathie pour la monarchie marocaine a déploré le fait que la voix de l’Algérie ne porte plus sur la scène internationale comme par le passé.
« Il n’y a pas de jour sans que la gouvernance du pays ne s’effrite et cette fois-ci, c’est notre politique étrangère qui vient d’être affectée par un couac assez sérieux ». Et d’ajouter : « en politique étrangère, il suffit d’un rien pour tout faire basculer, c’est pour cela que nos diplomates n’ont pas droit à l’erreur et au manque de subtilité ».
La cause de la déliquescence de la diplomatie algérienne ? La grave crise multiforme interne que connait le pays, estime El Watan. « Lorsqu'il était actif, le président Bouteflika maintenait une certaine vitalité à la diplomatie algérienne. Il avait à son actif son expérience et sa notoriété, mais dès lors qu'il ne pouvait ni se déplacer ni recevoir convenablement ses pairs, il signait la descente aux enfers de la diplomatie algérienne », a-t-il expliqué.
Yacine Ouchikh