Darridja : la « reculade » de Benghebrit

 Darridja : la « reculade » de Benghebrit

Nouria Benghebrit


 


En très peu de temps, les islamo-conservateurs ont fait plier la ministre de l’Education nationale, contrainte de se dédire, en jurant tous les saints n’avoir la moindre intention d’abandonner l’arabe littéraire au profit de l’arabe algérien comme langue d’enseignement dans l’école algérienne. 


 


La ministre de l’Education nationale n’a pas tenu longtemps devant le "tollé" soulevé dans les milieux conservateurs, par sa décision désormais mort-née d’enseigner à la prochaine rentrée en arabe dialectal.


Objet d’une campagne féroce menée ces derniers jours par les islamistes relayés par la presse arabophone, Nouria Benghebrit a vite fait de montrer patte blanche. À partir de Laghouat où elle était en visite aujourd’hui, elle  s’est défendue d’avoir pris la moindre décision d’introduire, à partir de la prochaine rentrée scolaire, la Darridja comme langue d’enseignement dans l’école algérienne. Pour elle, cette information est un «chahut inacceptable». «La langue arabe reste la première langue d’enseignement, adoptée dans l’enseignement des autres matières», a-t-elle lancé, citant la constitution algérienne qui, selon elle, « est claire sur la question».


Après quoi, la ministre de l’Education invite ses pourfendeurs à faire preuve de « sagesse » et à privilégier les impératifs pédagogiques sur les arrière-pensées idéologiques et autres positions acquises. « Il appartient de faire preuve de sagesse et de s’occuper davantage des questions pédagogiques », a-t-elle soutenu.


Pour elle, l’introduction de l’arabe dialectal fait partie d’une panoplie de  suggestions formulées par des spécialistes participant à la conférence régionale d’évaluation de la mise en œuvre de la réforme scolaire. Pour ces spécialistes, il y a urgence pour l’école algérienne à prendre en considération le « background linguistique » de l’enfant. Visiblement acquise à cet avis, Mme Benghebrit a indiqué que « l’étude des contenus du manuel scolaire a laissé apparaitre une place  insuffisante accordée au patrimoine national ». De son point de vue,  l’école algérienne doit accorder davantage de place  au  patrimoine algérien. Et de s’interroger : « Comment concevoir la dimension algérienne, si le secteur de l’Education n’investit pas sur l’aspect innovateur véhiculé par les langues arabe et amazighe ? ».


Des déclarations qui laissent supposer que la ministre n’a pas tout à fait abandonné l’idée d’accorder davantage de place aux langues populaires dans l’enseignement scolaire sans pour autant remettre en cause la suprématie de la langue arabe littéraire.


 


Yacine Ouchikh