Covid-19 : bilan en hausse et suspension du Hirak
Le Hirak, mouvement de contestation populaire qui secoue l’Algérie depuis plus d’un an, fait les frais de l’épidémie mondiale du nouveau coronavirus. Les manifestants, qui avaient bravé la menace vendredi 13 mars, se sont vus appelés à la raison, à la fois par les figures du soulèvement et par les autorités alors que le bilan s’alourdit avec un sixième décès.
Face à la propagation du covid-19 dans le pays, les autorités algériennes ont annoncé mardi l’interdiction des prochains rassemblements du Hirak. Samedi déjà, la marche de quelques centaines d’irréductibles avait été violemment dispersée par la police dans la capitale.
« L’épidémie qui se propage est une question sécuritaire et sanitaire nationale qui impose une restriction de certaines libertés, temporairement », a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune dans un discours télévisé, en annonçant l’interdiction des rassemblements et des marches, « quelles qu’en soient leurs formes et nature ». Le ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid n’a en appelle au « bon sens patriotique » en avertissant que « scientifiquement, il est très dangereux de poursuivre le Hirak ».
Plusieurs figures du soulèvement ont également appelé à suspendre les marches hebdomadaires tant que sévirait la pandémie. « La sagesse nécessite la suspension temporaire des marches afin de préserver la santé publique. C’est le meilleur moyen de préserver le “Hirak” tout en réfléchissant collectivement aux alternatives », a plaidé sur sa page Facebook Mustapha Bouchachi, avocat et figure du mouvement.
Il en va de « la responsabilité de tous pour faire prévaloir la santé des Algériens », a déclaré Mohcine Belabess, président du parti d’opposition Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Le parti a ainsi décidé de suspendre sa participation aux manifestations du « Hirak ». De même, plusieurs associations étudiantes ont dit suspendre leur participation aux marches du mardi et du vendredi, qui se tenaient chaque semaine sans discontinuer depuis février 2019.
Trois nouvelles wilayas touchées
L’Algérie a annoncé mercredi un sixième décès d’un malade du covid-19 et 12 nouveaux malades, portant le total à 72 depuis le début de l’épidémie. La dernière victime est un homme âgé de 62 ans, décédé dans la wilaya de Blida.
L’état des lieux établi par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière montre que l’épidémie continue à se propager dans le pays. Les nouveaux cas ont en effet été recensés dans six wilayas, dont les premiers dans à Skikda, Médéa et Bejaia, alors que jusqu’à présent seules les wilayas d’Alger, Tizi-Ouzou et de Blida étaient touchées.
« L’enquête épidémiologique se poursuit pour retrouver et identifier toutes les personnes contacts », précise le ministère. Le dispositif de veille et d’alerte mis en place « demeure en vigueur et la mobilisation des équipes de santé reste à son plus haut niveau », ajoute-t-il.
L'Algérie et la Tunisie avaient d’ailleurs annoncé mardi avoir convenu de la fermeture temporaire de la frontière terrestre entre les deux pays, habituellement très fréquentée. Le gouvernement algérien avait annoncé dans la foulée la suspension des liaisons aériennes avec la France, où habite la plus grande communauté algérienne hors du pays, mais également un des pays les plus touchés par la pandémie, qui a fait environ 150 morts.