Bouteflika s’offre une troisième Constitution

 Bouteflika s’offre une troisième Constitution

La nouvelle Constitution algérienne a été adoptée à la majorité absolue par les parlementaires réunis en congrès le 7 février 2016 au Palais des nations du Club des pins à Alger. FAYCAL NECHOUD / AFP


 


Le projet de révision de la Constitution a eu droit à un véritable plébiscite avec 499 voix favorables  sur les 517 que compte le Parlement lors d’un congrès, organisé hier au Palais des nations du Club des pins. 


 


Le pays dispose, depuis dimanche 7 février, d’une nouvelle Constitution adoptée à la majorité absolue par les parlementaires réunis en congrès des deux chambres. Rejeté par l’ensemble des partis d’opposition, le projet proposé par le chef de l’Etat algérien, le troisième du genre depuis son arrivée au pouvoir, a été validé sans surprise par la majorité, constituée de partis au pouvoir en l’occurrence le FLN et le RND.


Le projet a eu droit à un véritable plébiscite avec 499 voix favorables sur les 517 que compte le Parlement, lors de la séance organisée au Palais des nations du Club des pins, situé à une trentaine de kilomètre à l’ouest d’Alger.


Seuls deux députés se sont prononcés contre ce texte, alors que les 16 élus du parti des travailleurs (PT) ont opté pour l’abstention. Ces derniers n’ont pas pesé lourd sur l’issue du vote qui s’est déroulé dans une ambiance morose. Tout a été finalisé en l’espace de quatre heures, sous un tonnerre d’applaudissement de la majorité parlementaire.


Ainsi le président Bouteflika a réussi à se donner sa troisième réforme de la Constitution, après celles de 2002 et 2008. Voulue « consensuelle »,  cette nouvelle constitution reste rejetée par tous les partis d’opposition et une partie des universitaires et des intellectuels algériens qui estiment que le texte « n’a porté  aucune nouveauté et ne révolutionne pas la vie politique du pays ».


La principale disposition du projet prévoit le rétablissement de la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Une disposition contenue dans la Constitution de février 1996 et que Bouteflika avait supprimée en 2008 pour briguer deux mandats supplémentaires.


 


Les doubles nationalités exclus…


La révision de la Constitution interdit par ailleurs aux Algériens ayant une autre nationalité l’accès aux hauts postes dans la fonction publique, notamment la présidence de la République. Car la nouvelle Constitution exige que le candidat à la présidence soit exclusivement de nationalité algérienne, de n’avoir pas contracté une autre nationalité et d’avoir vécu pendant 10 ans dans le pays avant de présenter sa candidature.


L’autre disposition phare de la nouvelle Constitution, concerne la reconnaissance de la langue berbère, le tamazight, comme « langue officielle » du pays, après une lutte d’un demi-siècle de la population berbère.


Le nouvelle Constitution introduit par ailleurs en préambule la préservation de la « politique de paix et de réconciliation nationale » mise en œuvre par M. Bouteflika pour mettre fin à la « tragédie nationale » des années 1990. Pour s’assurer de l’application de l’ensemble des dispositions, le président Bouteflika annonce, dans un message lu en son nom par Abdelkader Bensalah, président du Sénat, la création d’une cellule de suivi rattachée à la présidence de la République.


 


Yacine Ouchikh