Bouteflika relance le projet de révision constitutionnelle
Lancé en 2011 en plein printemps arabe, le projet de révision constitutionnelle semble sur le point enfin de voir le jour !
Dans les plans de Bouteflika depuis 2011, le projet de révision constitutionnelle du président Bouteflika entame sa dernière ligne droite. Ajourné à plusieurs reprises, le projet a fait l’objet, en fin, d’un premier examen officiel. C’était à l’occasion d’un Conseil de ministre restreint présidé, lundi 14 décembre à Alger, par le chef d’Etat algérien.
« Ont pris part à cette rencontre, MM. le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le ministre d’État directeur de cabinet de la Présidence de la République, Ahmed Ouyahia, le ministre d’État, conseiller spécial auprès de M. le président de la République, Tayeb Belaïz, le vice-ministre de la Défense nationale, chef de l’État-major de l’Armée nationale populaire, Ahmed Gaïd Salah, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, et Boualem Bessaïeh, conseiller auprès de M. le président de la République », indique la présidence dans un communiqué diffusé par l’agence officielle APS.
La même source annonce la tenue d’autres rencontres « consacrées à la finalisation de cet avant-projet sous la direction du chef de l’État ». Ainsi ce projet annoncé depuis 2011 et relancé en 2014 n’interviendra probablement qu’en 2016. Il s’agit là d’un énième report qui traduit les difficultés du pouvoir à réaliser le consensus voulu autour de ce texte. En effet, le refus de la majorité écrasante de l’opposition d’adhérer à ce projet a freiné les ardeurs du président Bouteflika qui a fixé la révision de la constitution comme « une priorité du quatrième mandat ».
En effet, après la présidentielle de 2014 et la validation du ticket du quatrième mandat, le chef de l’Etat a fait le serment de procéder, « au courant de la même année à une révision consensuelle de la constitution ». Pour ce faire, il avait chargé son chef de cabinet, Ahmed Ouyahia, de mener un nouveau round de consultations avec la classe politique. Mais seulement les proches du pouvoir ont pris part à ces nouvelles consultations. L’opposition, quant à elle, s’est regroupée dans une coalition pour exiger «une transition démocratique négociée ».
C’est ce bras de fer entre l’opposition et le pouvoir qui est, en grande partie, à l’origine de l’ajournement de la révision constitutionnelle. Ce projet devait intervenir initialement en 2013, dans la foulée des réformes politiques décidées en avril 2011 et qui ont été mises en œuvre avec l’adoption d’un certain nombre de projets de loi organiques régissant la vie politique du pays. Foudroyé par un accident vasculaire cérébral (AVC) en avril 2013, le président Bouteflika a été contraint de remettre son projet au placard.
Il ne l’a relancé qu’en 2014. En 2015 aussi, le président Bouteflika a fait référence à la révision de la Constitution mais la présentation du projet n’a toujours pas vu le jour. En novembre dernier, il avait donné quelques détails sur le contenu de ce projet qui prévoit, selon lui, « l’institutionnalisation d’une Instance indépendante de surveillance des élections », comme revendiqué justement par l’opposition mais qui y a vu une manœuvre.
Yacine Ouchikh