Bouteflika gagne sa bataille contre les Services
Le président Bouteflika a décidé de dissoudre le DRS pour créer une autre structure, la Direction des services secrets (DSS), rattachée à la Présidence.
La bataille entre la Présidence algérienne et les services de renseignements se poursuit. Ayant débuté vers la fin de l’année 2013, cette guerre connait de nouveaux rebondissements. Au début de la semaine en cours, le président Bouteflika a signé un nouveau décret présidentiel, non publiable, annonçant la dissolution du département du Renseignement et de la sécurité (DRS) et son remplacement par une nouvelle structure appelée Direction des services secrets (DSS) et surtout rattachée directement à la Présidence.
L’information est révélée par la presse algérienne dans la soirée de samedi 23 janvier. Cette direction est confiée au général Athmane Tartag, dit Bachir, qui avait pris, en septembre dernier, les commandes du DRS en remplacement du « tout-puissant » général Mohamed Mediene dit Toufik, démis de ses fonctions. Après une série de restructurations qui ont fini par affaiblir, selon les observateurs, le redoutable DRS, le président Bouteflika semble vouloir enterrer même ce sigle qui inspirait, pendant 25 ans, terreur et peur, tout comme son ancêtre la sécurité militaire (SM).
Par ce décret, le chef de l’Etat nomme aussi Athmane Tartag comme ministre-conseiller à la sécurité nationale et conseiller aux Affaires de sécurité. Cette nouvelle décision signifie-t-elle la fin de la police politique ? Pas sûr. Mais selon les observateurs de la scène algérienne, la présidence reprend, à travers cette décision, le contrôle total sur les services de renseignement qui agissait, notamment sous l’égide du général Toufik comme un contre-pouvoir, voire un Etat dans un Etat.
C’est donc une dernière séquence d’un feuilleton qui vient de se jouer en ce début de l’année 2016. Ayant toujours travaillé en parfaite intelligence avec le DRS et son patron depuis 1999, le président Bouteflika et son entourage ont mené la guerre contre ce service depuis le dernier trimestre de l’année 2013. Dès son retour de l’hôpital de Val-de-Grâce de Paris où il avait été hospitalisé suite à AVC qui l’a affaibli physiquement, Bouteflika avait procédé à la restructuration du DRS qui a été mis, en outre, sous la tutelle de l’état-major de l’Armée.
Entre temps, le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, un proche fidèle du clan présidentiel, a violemment chargé le général Toufik accusé d’être « le manipulateur » des scandales de corruption dans lesquels des hommes de main du président Bouteflika ont été cité, à l’image de Chakib Khalil, ancien ministre de l’Energie.
La campagne contre celui qui a été qualifié de Rab Dzair (le Dieu de l’Algérie), en l’occurrence le général Toufik, s’est accentuée en 2014 et en 2015. Elle s’est soldée par l’annonce de son limogeage. La création de la DSS marque une nouvelle étape dans la restructuration des Services de renseignements algériens et place la présidence de la République en première ligne dans le suivi des questions de sécurité. Quelle sera la prochaine étape ?
Yacine Ouchikh