Boudjedra assume publiquement son athéisme

 Boudjedra assume publiquement son athéisme

Rachid Boudjedra dans un entretien accordé à la chaîne privée Echourouk TV


 


Dans un entretien accordé à la chaîne privée Echourouk TV, l’écrivain Rachid Boudjedra a fait des déclarations fracassantes en disant ne pas croire ni en Dieu ni en Mohamed comme prophète. 


 


Rachid Boudjedra assume jusqu’au bout sa belle réputation d’écrivain iconoclaste.  Homme qui a le courage de ses opinions, l’auteur de "La répudiation" vient d’assumer publiquement son athéisme. Dans un entretien accordé à la chaîne privée Echourouk – un extrait circule depuis ce matin sur facebook – qui sera diffusé mercredi (3 juin), l’enfant des Aurès ne va pas par quatre chemins : il dit clairement ne pas croire en Dieu, ni en Mohamed comme prophète qui est pour lui un simple « révolutionnaire ».


Dés le départ, il annonce la couleur. Le principe de l’émission est que chaque invité jure au nom de Dieu, avant l’entame du jeu des questions-réponses, qu’il ne dira que la vérité. En guise de serment, Boudjedra assène : « Je jure sur le nom de ma mère, je dirai la vérité toute la vérité ».


« Rachid Boudjedra croyez-vous en Dieu ? », questionne, par la suite,  Madiha Allalou, la journaliste animatrice de l’émission. « Non », répond sans hésitation aucune l’écrivain. « Croyez-vous à l’Islam comme religion ? », revien-t-elle à la charge. Réponse tout aussi directe de Boudjedra : « Bien sûr que non, c’est la même question ».


« Vous croyez en Mohamed comme prophète ? », insiste encore la journaliste. Droit dans ses bottes, l’écrivain rétorque : « Non. Pour moi Mohamed est un révolutionnaire ».


À une autre question sur l’existence d’athées en Algérie, Rachid Boudjedra assure : « il y en a beaucoup ». Sincérité et force des convictions ou provocation ? Briseur de tabous, Rachid Boudjedra ne veut certainement pas cacher ou renier son athéisme, rien que caresser dans le sens du poil un conformisme social par trop étouffant et qu’il a longtemps combattu.


Il reste que ses déclarations chocs ne risquent pas de passer inaperçues. A coup sûr, les islamistes en général et les salafistes en particulier, ne rateront pas une telle aubaine pour se mettre au devant de la scène et mobiliser leurs troupes. Et l’impertinent intellectuel est bien parti pour connaître le même sort qu’un certain Kamel Daoud qui, fin décembre 2014, s’est attiré les foudres des islamistes pour ses positions audacieuses sur la religion et la langue arabe.


Yacine Ouchikh