Aokas ne décolère pas
Deux ans après la répression d’une marche organisée par les citoyens d’Aokas, une localité de la wilaya de Bejaia, à 300 km d’Alger, pour protester contre l’interdiction d’une conférence d’un linguiste et militant berbériste, la petite ville côtière est toujours sur le pied de guerre.
Point intimidé par la violence policière, le collectif des citoyens de la ville d’Aokas a lancé aujourd’hui un appel à une nouvelle marche qui aura lieu samedi 29 juillet à 13 heures au chef-lieu de la commune.
Mieux encore, le même comité compte organiser vaille que vaille, le café littéraire, samedi 29 juillet toujours, en invitant l’écrivain et chroniqueur Chawki Amari pour donner une conférence sur le thème « littérature et engagement politique ».
Jusqu’ici, c’était l’association Azday qui organisait cette activité qui, malheureusement, s’est vu signifier pas moins de 07 interdictions de la part des autorités locales pour organiser des conférences dont celle de samedi 22 juillet que devait donner le linguiste et militant berbériste Ramdane Achab.
Pourquoi un tel acharnement ? « Le café littéraire d’Aokas est dans l’œil du cyclone actuellement ou depuis le début de l’année 2017 car c’est un des derniers ou rares espaces citoyens d’échange et de socialisation politique. Il est autonome vis-à -vis des officines du pouvoir. On y fait de la politique sans être un parti politique. C’est comme un tronc commun à la citoyenneté », a expliqué Fatah Bouhmila, enseignant universitaire et un des principaux animateurs du café littéraire d’Aokas, dans un entretien accordé au site Ameslay.
Et d’ajouter : « La dynamique générale qu’il y a sur Aokas dérange beaucoup le pouvoir. Il a peur que ça fasse tache d’huile et que les Algériens comprennent que le problème c’est le pouvoir ».
Sauf que cet acharnement des autorités locales contre un simple café littéraire n’a pas laissé insensibles les citoyens de cette ville qui ont décidé, samedi 22 juillet, d’investir la rue pour dénoncer cet oukaze. Et l’intervention très musclée des forces anti-émeute n’a fait qu’envenimer les choses.
Des blessés ont été enregistrés de part et d’autre. Même le caricaturiste du site Tout sur l’Algérie, enfant de la région qui s’est trouvé sur les lieux, n’a pas échappé à la brutalité policière. Isolé dans une pièce, le dessinateur a été tabassé par 04 policiers. Pis, il n’a pas pu déposer plainte auprès de la police. « J’ai rencontré le chef de la sûreté de la wilaya de Béjaïa en personne. J’ai dès le départ reçu un accueil froid. Il m’a accusé d’avoir participé à une marche non autorisée avant de refuser de recevoir ma plainte », a-t-il confié au site TSA.
Yacine Ouchikh