Alcool : le gouvernement cède devant les islamistes

 Alcool : le gouvernement cède devant les islamistes

Rached Cherif/LCDA (Illustration)


Les islamistes ont fait plier le gouvernement Sellal qui a décidé de geler l’instruction du ministre du Commerce relative à l’annulation de la demande d’autorisation pour le commerce de gros des boissons alcoolisées.


 


Benyounes lâché par Sellal


Face au tollé soulevé par la suppression de la demande d’autorisation pour le commerce de gros des boissons alcoolisées dans les milieux islamistes, le premier ministre Abdelmalek Sellal a lâché son ministre du commerce, Amara Benyounes. En effet, le premier ministère a rendu hier le ministère du Commerce destinataire d’une correspondance lui enjoignant de surseoir à l’application de l’instruction d’Amara relative à la suppression de la demande d’autorisation pour le commerce de gros des boissons alcoolisées.


« Le ministre du Commerce a reçu aujourd’hui (hier, NDLR) une correspondance lui demandant de surseoir à l’application de cette instruction jusqu’à son étude avec les secteurs concernés dans le cadre des lois en vigueur », s’est confiée une source au site Tout sur l’Algérie (TSA). Un désaveu en règle pour Amara Benyounes à qui l’on reproche d’avoir agi en solo sans consulter le gouvernement.


 


Victime des « barons » de la vente d’alcool


Se confiant ce matin à la radio algérienne, le ministre du Commerce s’est dit victime d’un lynchage sans précédent. « J'ai été lynché par certains médias. C'est hallucinant. Jamais depuis l'indépendance, ministre n'a subi ce genre de lynchage », a-t-il déploré. « Je ne suis pas un religieux, ni un imam. Je suis un ministre qui applique les lois de la République. Savez-vous que 70 % des boissons alcoolisées vendues viennent de la contrebande ? », s’est-il défendu.


Sans détour, il accuse certains « barons » de l’informel d’être les instigateurs de la campagne de dénigrement dont il faisait l’objet. « Certains lobbies n'ont pas accepté mon instruction. Dans une wilaya, que je ne nomme pas, deux revendeurs agréés de boissons alcoolisées ont provoqué une marche pour ne pas perdre leur monopole ! Le premier ministre a décidé de geler l'instruction par un souci d'apaisement », a-t-il soutenu.


Hier, Amara Benyounes après avoir des jours durant soigneusement évité la presse pour ne pas avoir à s’expliquer sur la polémique suscitée par son instruction, a tenté une riposte, en se confiant au journal Liberté. Il a assuré avoir voulu mettre fin à l’« illégalité » de l’instruction de son prédécesseur, Hachemi Djaaboub (un cadre du parti islamiste MSP), instituant la demande d’autorisation pour la vente en gros des boissons alcoolisées. M.Benyounes assure vouloir « faciliter la commercialisation » et « annuler toutes les instructions qui étaient illégales et qui ont été prises sans un ancrage juridique ». Un souci de mettre le département du Commerce en règle avec la loi qui a fortement irrité les milieux conservateurs.


Depuis quelques jours, une grande campagne est menée par les islamistes sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les médias contre l’instruction de Benyounes. Des Imams sont montés au créneau en exhibant la menace de consacrer le prêche de ce vendredi à cette question. À l'affût, les salafistes se sont mis de la partie. Leur figure de proue, l’imam algérois Hamadache –le même qui avait lancé une fatwa contre le journaliste et écrivain Kamel Daoud- a appelé dimanche 12 avril sur sa page Facebook à une marche pour ce vendredi toujours. Une campagne tapageuse qui a fini par faire plier le gouvernement en décidant d’annuler de l’instruction de la « discorde ». C’est désormais chose faite. Les islamistes peuvent crier victoire. .


                                                                                                 Yacine Ouchikh