Affaire Daoud-Hamadache : Six mois de prison ferme requis contre le salafiste

 Affaire Daoud-Hamadache : Six mois de prison ferme requis contre le salafiste

G: le prédicateur Abdelfettah Hamadache – L’écrivain Kamel Daoud (AFP).


 


Le procès de l’affaire opposant l’écrivain Kamel Daoud au prédicateur Abdelfettah Hamadache s’est tenu aujourd’hui au tribunal d’Oran qui a vu le procureur de la République requérir 6 mois de prison ferme à l’encontre du salafiste qui a lancé, en 2015, un appel au meurtre contre le journaliste et écrivain. Verdict le 8 mars prochain ! 


 


Auteur d’un appel au meurtre contre le journaliste et écrivain Kamel Daoud, le salafiste Abdelfattah Hamadache Zeraoui risque six mois de prison ferme.Poursuivi en justice par l’auteur deMeursault contre-enquête pour l’avoir menacé de mort, le cheikh salafiste pourrait également être condamné à payer une amende de 50 000 DA.


Le procès ouvert, ce mardi 1er mars au tribunal d’Oran, s’est déroulé en l’absence de la victime, représentée par son avocat Abderrazak Fodil, et en présence de l’accusé Abdelffattah Hamadache. Ce dernier a nié l’accusation portée contre lui, à savoir la menace de mort, tout en soutenant qu’il a agi en tant que citoyen et membre de la ligue internationale des oulémas musulmans, « sollicitant les pouvoirs publics à exercer l’application de la peine (El Hadd) sur l’écrivain Kamel Daoud, en application de la charia pour ce qui concerne l’atteinte aux valeurs de l’Islam ».


Selon lui, cet appel adressé aux pouvoirs publics, a été lancé « suite aux propos contenus dans un roman de l’écrivain Kamel Daoud et ses déclarations précédentes à une chaîne de télévision française ». L’imam autoproclamé, estime que les propos du romancier « affectent les sentiments des musulmans et les valeurs fondamentales de la nation algérienne, telle que l’identité et la langue arabe ».


Très actif sur réseaux sociaux et invité « vedette » de certains plateaux des chaînes de télévision privées, Hamadache s’en est pris violemment à Kamel Daoud, en lançant un appel au meurtre à son encontre. Les faits remontent à 2015, et le cheikh salafiste affirme même avoir « porté plainte contre l’auteur au niveau d’un tribunal à Alger suite aux déclarations de Kamel Daoud à la chaîne française ».


Pour prouver les faits, l’avocat de Kamel Daoud affirme que l’appel lancé par Hamadache sur son compte Facebook et ses déclarations lors d’une émission diffusée par une chaîne privée algérienne est « une incitation claire pour tuer l’écrivain ». Pour lui, il n’y a pas l’ombre d’un doute, il s’agit bel et bien d’une « menace de mort », selon les dispositions du code pénal. Dans sa plaidoirie l’avocat de Kamel Daoud a requis l’application de la loi afin de « réhabiliter » son client et un dinar symbolique d’amende.


De son côté le procureur de la République a requis, à l’issue de son réquisitoire, six mois de prison ferme et 50 000 DA d’amende à l’encontre de l’accusé. Le verdict du tribunal sera rendu le 8 mars prochain. Le déroulement de ce procès est une première en Algérie, où certains prédicateurs s’érigent en gardiens de la morale de la société et s’attaquent presqu’impunément à tous ceux qui s’opposent à leur orientation idéologique.


Yacine Ouchikh