Ahmed Hachani effectue une visite de travail en France
Le chef du gouvernement, Ahmed Hachani, s’est rendu aujourd’hui mercredi 28 février en France. Une visite de travail officielle qui s’inscrit dans le cadre du « suivi de la coopération bilatérale » les deux pays, mais qui sera également sans doute l’occasion de détendre l’atmosphère entre Tunis et Paris.
Nous l’apprenons dans un communiqué publié le jour même par la présidence du gouvernement : la visite d’Ahmed Hachani se déroulera du 28 février au 1er mars 2024. La délégation qui l’y accompagne a de quoi renseigner sur la nature de cette mission : seront ainsi du voyage le ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar, mais aussi la ministre de l’Économie et de la Planification, Feryel Ouerghi Issaoui, fraîchement nommée en janvier dernier par le président Kais Saïed.
Baptême du feu diplomatique
Notons qu’il s’agit là de la première visite qu’effectue le très francophone Ahmed Hachani en France depuis sa nomination à la tête du gouvernement à la date du 1er août 2023. Ce sera aussi le premier déplacement de Feryel Ouerghi en tant que ministre de l’Économie.
Pour rappel, la France représente le principal excédent commercial bilatéral pour la Tunisie. Un récent rapport du Trésor français datant du 15 décembre 2023 souligne que la France, qui absorbe près du quart des exportations tunisiennes, demeure de loin le premier client de la Tunisie. A l’inverse, la Tunisie représente en revanche un partenaire commercial modeste pour la France (0,7% des échanges commerciaux français en 2022). Avec des échanges commerciaux globaux d’une valeur de 1,7 milliard d’euros en 2022, l’Italie a depuis ravi à la France la place de premier partenaire commercial de la Tunisie.
Mais ce n’est pas là un motif du froid qui perdure entre Carthage et l’Elysée. Si jusqu’à la mi-2023, la président français Emmanuel Macron restait, par pragmatisme, un allié du nouveau régime autoritaire tunisien appelant à le soutenir économiquement mais aussi politiquement, allant jusqu’à s’attirer les foudres de l’opposition française qui estime qu’il apporte une caution marquée au « projet personnel » du président Saïed et que ce soutien « porte atteinte à la démocratie tunisienne », le pouvoir macroniste se fait depuis plusieurs bien plus circonspect à l’égard du pouvoir saïdiste.
En attestent les brûlots du Monde notamment qui considèrent depuis octobre 2023 que le président Saïed s’est rebellé contre la politique migratoire européenne impulsée par Paris. Le récent rapprochement entre Tunis et Moscou n’est pas non plus du goût de la France de Macron qui perd de l’influence par ailleurs au profit de l’axe Rome – Tunis, à l’aune de la lune de miel entretenue par Carthage avec la droitarde et turbulente Giorgia Meloni.
Autant de crises que l’inexpérimenté Ahmed Hachani, « premier ministre sans prérogatives » pour l’opposition tunisienne, tentera de désamorcer, au moment où la Tunisie a fait le deuil de toute aide du FMI à court et moyen terme.