Miser sur la jeunesse, une nécessité pour l’économie africaine
La jeunesse serait-elle au centre de l’avenir économique et social de l’Afrique ? Lors d’une rencontre sur le thème des mutations dans l’espace euro-méditerranéen-africain (1er décembre), organisée par l’ambassade du Maroc, d’éminents intervenants ont tenté de répondre à cette question essentielle pour les deux rives, notamment lors d’une table-ronde tournée vers des enjeux de développement centrés sur la jeunesse.
Potentiel démographique
« L’Afrique recèle de multiples opportunités économiques un potentiel démographique et une dynamique entrepreneuriale de plus en plus prononcée » indique M. Chakib Benmoussa, ambassadeur du Maroc, dans son discours d’introduction. Ce dernier insiste également sur la nécessité de relever le défi de la construction d’un avenir meilleur « dans le cadre d’une coopération sud-sud mais aussi une coopération nord-sud renouvelée respectueuse des réalités et potentiels de chaque pays, créatrice d’emploi et de valeur locale ». Coopérer et surtout laisser, mais aussi aider, l’énorme potentiel de la jeunesse africaine à s’exprimer, à innover pour mieux relever et stabiliser le continent.
Miser sur la jeunesse
« Sur notre continent, nous avons une population qui est de plus en plus jeune poussée par une démographie importante. C'est aussi vrai au nord qu'au sud, peut-être un peu plus au sud qu'au nord. Mais c'est une réalité africaine, c'est le continent de la jeunesse et ce sera de plus en plus le cas » indique l’ancien Premier ministre du Mali, monsieur Moussa Mara. Pour ce dernier, la simple constatation de ce fait ne suffit évidemment pas, il faut permettre à cette jeunesse de trouver sa place et ainsi de pouvoir contribuer à une certaine stabilité économique sur le continent : « Il faut faire en sorte que nous puissions offrir à notre jeunesse les alternatives de formation et renforcement de leurs capacités pour leur permettre de tenter des aventures individuelles de création d'entreprise et différents projets ».
Le virage numérique
Au Maroc, la tranche des 15-24 ans représente 6 millions de personnes, soit 18 % de la population. Selon les estimations, cette tendance devrait perdurer au moins sur les dix prochaines années. « La question de l'emploi des jeunes est très importante, parce qu'ils sont au cœur du système. C’est pourquoi il est important de pousser la question d'inclusion de la jeunesse par la culture dans notre région » selon Driss Guerraoui, secrétaire général du CESE (Conseil économique, social et environnemental) du Maroc. Aujourd’hui, la culture est forcément à la révolution numérique. Pour M. Guerraoui, cette révolution numérique amène de nouveaux défis, notamment à la société marocaine : « La révolution numérique a offert aujourd'hui des espaces d'expression libre et d'autonomisation qui défient ces institutions. [Etat, famille, école…, ndlr] Ce qui interroge sur qui produit les valeurs actuelles : la famille ? l'école ? La mosquée ? (…) Cette réflexion entraîne à penser la sécurité culturelle et la responsabilité partagée de toutes les institutions qui organisent et structurent les représentations des jeunes, le rapport à l'Etat, le rapport à la discipline.. ».
De nombreuses questions et une réflexion laissée ouverte, même si la tendance générale va quand même dans le sens d’une plus grande confiance à la jeunesse pour créer des entreprises, et donc de l’emploi et une plus grande stabilité économique. Une tendance qui devrait s’accélérer dans les années à venir, au Maroc, comme sur tout le continent africain.
CH. Célinain