Les Tripolitains assiégés privés d’eau depuis une semaine
Plus de deux millions de Libyens subissent depuis une semaine d’importantes coupures d’eau et d’électricité dans la capitale Tripoli et ses alentours. L’ONU a accusé des groupes armés et parle d’une « arme de guerre ».
Alors que la pandémie du covid-19 a fait son apparition dans le pays, « l’accès à l’eau et à l’électricité est plus que jamais vital », a déclaré le coordinateur humanitaire de l’ONU en Libye, Yakoub El Hillo, dans un communiqué. La Libye a officiellement confirmé 24 cas de contamination, dont un décès. Pour les Nations unies, ces coupures, intentionnelles, « doivent cesser immédiatement. »
Depuis plusieurs jours, les robinets de la capitale libyenne, mais aussi dans quelques autres régions, sont à sec. Les villes côtières du nord, approvisionnées en eau depuis les nappes aquifères du désert (sud) via le réseau de la Grande rivière artificielle, projet pharaonique réalisé sous le régime Kadhafi, subissent aussi d’importantes coupures.
Une épreuve de plus pour Tripoli, assiégé depuis un an par l’armée du maréchal Khalifa Haftar, qui combat le GNA, gouvernement reconnu par la communauté internationale. Le GNA a accusé les pro-Haftar d’être derrière les coupures d’électricité et d’eau et a reproché à l’ONU de ne pas avoir nommé le responsable de ces actes, en allusion au maréchal Haftar.
Coupures d’électricité
Selon M. Hillo, l’approvisionnement en eau a été coupé par un groupe armé local au niveau de la région d’al-Choueref, sous contrôle des pro-Haftar, pour obtenir la libération de prisonniers détenus à Tripoli.
Habitués aux coupures depuis 2011, beaucoup de Tripolitains avaient creusé des puits et installé des collecteurs d’eau de pluie. Mais, les fréquentes coupures d’électricité rendent les premiers quasi inutilisables, tandis que les affrontements des derniers mois ont détruit de nombreux collecteurs. En réaction, les habitants de Tripoli se sont rués dans les commerces, malgré le développement de l’épidémie, pour s’approvisionner en bouteilles d’eau.
Par ailleurs, un gazoduc assurant l’alimentation en gaz des centrales électriques dans tout l’ouest libyen et passant par une zone contrôlée par les pro-Haftar a également cessé d’approvisionner la ville, qui compte 2 millions d’habitants, dont 600 000 enfants.