Covid-19 : durcissement des mesures pour lutter contre la pandémie
Touchée tardivement par la pandémie de covid-19, l’Afrique commence à se préparer au choc alors que le nombre de cas progresse rapidement dans un nombre croissant de pays. Plusieurs États ont annoncé un durcissement des mesures prises pour tenter d’endiguer la propagation de la maladie, malgré un contexte économique globalement peu propice au confinement.
Le Maghreb en ordre de bataille
L’Afrique du Nord, qui a été touchée peu après l’Europe, est déjà au ralenti depuis plusieurs jours. Dans les trois pays du Maghreb, le rythme des contaminations progresse, poussant les autorités à muscler leur confinement décidé déjà depuis plusieurs jours. Le Maroc a ainsi adopté en urgence une loi stipulant que « l’état d’urgence sanitaire peut être déclaré dans n’importe quelle région, préfecture, province ou commune » et prévoyant des peines allant jusqu’à trois mois de prison pour les contrevenants.
En Tunisie, passée en phase 3 de l’épidémie en début de semaine, affirme avoir adopté par anticipation des mesures de niveau 4. Pour donner un caractère plus coercitif au couvre-feu en vigueur, le président de la République a décidé de déployer l’armée sur l’ensemble du territoire.
En Algérie, la propagation inquiétante du covid-19 a eu raison des marches hebdomadaires du Hirak, le mouvement de contestation populaire en cours depuis plus d’un an. Le pays compte actuellement le plus grand nombre de cas et de décès du Maghreb.
L’inquiétante impréparation de l’Afrique
Ailleurs en Afrique, le degré de préparation varie grandement d’un pays à l’autre. Le 19 mars, l’OMS a enjoint les gouvernements africains à « se préparer au pire et à se préparer ». Le continent était jusqu'à présent relativement épargné : 2 137 cas dont 62 morts contre plus de 400 000 cas de contamination et plus de 18 000 décès au total dans le monde. Mais, la faiblesse des systèmes de santé du continent suscite de vives craintes.
Sénégal, Côte d'Ivoire, la Namibie, la Sierra Leone ou encore la République démocratique du Congo ont décrété l'état d'urgence, tandis que l'Afrique du Sud a décidé d'un confinement, tout comme l'île Maurice.
Au Burkina Faso, 114 cas ont été répertoriés et quatre décès, et le Cap-Vert et le Niger ont annoncé mardi leurs premiers décès, après le Zimbabwe et le Nigeria (pays le plus peuplé d'Afrique), lundi. Les cas ont doublé au Rwanda (36) et le Soudan du Sud a annoncé la fermeture de ses frontières, excepté pour le ravitaillement en vivres et en carburant. L'épidémie de coronavirus continue par ailleurs de s'étendre rapidement en Afrique du Sud, pays le plus touché du continent, avec 554 cas de contamination. Le ministre sud-africain de la Santé, Zweli Mkhize, dit s'attendre à ce que ces chiffres soient « multipliés par trois ou quatre » au cours des deux prochaines semaines.
Les travailleurs précaires démunis
Partout, la généralisation du confinement fait craindre pour la santé économique des entreprises et des ménages, notamment ceux – nombreux – travaillant dans le secteur informel et ne bénéficiant d’aucune sécurité de l’emploi et n’ayant accès qu’à une protection sociale limitée, voire inexistante.
Le Comité de veille économique du Maroc tente par exemple de trouver une solution pour que les centaines de milliers de travailleurs non affiliés à la sécurité sociale, qui se retrouvent aujourd’hui en situation d’arrêt de travail, puissent eux aussi bénéficier des dispositifs de soutien annoncés par les autorités. La mise en œuvre de ce mécanisme devrait passer par un portefeuille virtuel sur téléphone mobile.
Afin d'atténuer l'impact économique et social au Sénégal, un fonds « de riposte et de solidarité » doit être doté d'environ 1,5 milliard d'euros, dont 75 millions destinés à l'aide alimentaire d'urgence. Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a appelé le G20 à soutenir les économies africaines en allégeant leur dette et en préparant un plan d'aide financière d'urgence de 150 milliards de dollars.
La Banque arabe pour le développement économique en Afrique, une institution de la Ligue arabe basée à Khartoum (Soudan), a d'ores et déjà annoncé allouer une enveloppe de 100 millions de dollars pour aider l'Afrique subsaharienne face à la crise sanitaire.
La France annonce un « paquet financier » pour soutenir l’Afrique
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a annoncé mardi que la France allait se mobiliser pour aider les pays les plus vulnérables, notamment en Afrique, à faire face à la pandémie de Covid-19. « Nous aurons l'occasion de mobiliser un vrai paquet financier, d'assistance pour éviter que l'épidémie ne mute vers des régions ou des sous-continents qui aujourd'hui ne sont pas contaminés, mais demain pourraient être un nouveau risque pour nous », a-t-il déclaré à l'Assemblée nationale.
Ce paquet relève de la « coopération internationale et du soutien indispensable à apporter aux pays tiers les plus vulnérables parce qu'ils vont en avoir très vite besoin, je pense en particulier à l'Afrique », a ajouté le chef de la diplomatie française. « C'est une question à la fois de solidarité, mais c'est aussi une question d'intérêt pour notre sécurité », a-t-il souligné.