Coronavirus : l’OMS appelle l’Afrique à se « préparer au pire »

 Coronavirus : l’OMS appelle l’Afrique à se « préparer au pire »


L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde mercredi les gouvernements africains face à la pandémie du covid-19, qui a jusqu’à présent relativement épargné le continent. Les dirigeants doivent « se réveiller » et profiter de ce délai pour « se préparer au pire », alors que le virus a fait sa première victime en Afrique subsaharienne.


Le Burkina Faso a enregistré le premier décès dû au nouveau coronavirus au sud du Sahara. Dans l’ensemble, l’Afrique semble encore peu touchée par la pandémie, avec environ 600 cas enregistrés, dont 16 décès : 6 en Égypte, 6 en Algérie, 2 au Maroc, 1 au Soudan et désormais 1 au Burkina. Un bilan faible en comparaison des milliers de morts en Asie et maintenant en Europe, devenue principal foyer mondial.


Mais, le continent ne sera pas épargné, selon le directeur général de l’OMS, l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Le meilleur conseil à donner à l’Afrique est de se préparer au pire et de se préparer dès aujourd’hui », a-t-il déclaré mercredi alors que les pays africains réagissent en ordre dispersé.


En Afrique du Nord, la Tunisie a pris les devants en décrétant dès l’apparition des premiers cas des quarantaines préventives systématiques, la fermeture partielle de certains lieux publics et une réduction des horaires d’ouverture des administrations. Selon plusieurs sources, le pays s’apprête même à décréter un confinement général dans les prochains jours, à l’image de l’Italie ou de la France. De même, le Maroc a annoncé en début de semaine toute une série de mesures pour endiguer la propagation de l’épidémie.


À l’opposé, l’Égypte, qui compte désormais près de 200 cas, ne semble avoir pris que très tardivement la mesure de la menace, et la situation pourrait rapidement y devenir hors de contrôle. En Afrique subsaharienne, l’Afrique du Sud (56 millions d’habitants), principale puissance économique avec le Nigeria, compte le plus grand nombre de cas (près de 120).


 


Trente pays africains touchés


Au total, une trentaine de pays africains sont touchés, ce qui fait craindre une augmentation exponentielle du nombre de malades dans les semaines à venir. Alors que les infrastructures sanitaires asiatiques et européennes, bien plus performantes, ont été dépassées, la pandémie-19 pourrait causer une hécatombe en Afrique si elle n’est pas endiguée. Transports en commun vétustes, marchés bondés, quartiers populaires denses : tout semble annoncer une catastrophe à venir.


Le virus « se répand, donc il est nécessaire de serrer les rangs », a réagi mercredi le président sud-africain Cyril Ramaphosa, après une réunion avec les dirigeants des principaux partis d’opposition. Pays le plus peuplé d’Afrique avec 200 millions d’habitants, le Nigeria a suspendu mercredi l’entrée sur son territoire aux voyageurs arrivant de treize pays à risque, dont les États-Unis, la Chine et plusieurs pays européens.


Au Burkina Faso en revanche, où une députée de 62 ans est décédée dans la nuit de mardi à mercredi, la vie semble poursuivre normalement son cours avec son lot d’embouteillages et de rues grouillantes de vie. Contrairement à la Côte d’Ivoire voisine, les magasins alimentaires n’ont pas été pris d’assaut.


« C’est inquiétant ce qui se passe avec ce virus, mais on ne peut pas se barricader comme les pays développés. On manque de tout ici. On vit au jour le jour », témoigne un vendeur de mobylettes. « On ne peut pas, par exemple, fermer le grand marché. Si jamais ça arrive, ce n’est pas le coronavirus qui va nous tuer, mais c’est la misère et la faim », a-t-il expliqué à un journaliste de l’AFP. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes se plaignaient d’ailleurs des mesures décidées samedi par les autorités : fermeture des établissements scolaires et suspension des manifestations et des rassemblements publics et privés.


Les autorités religieuses musulmanes ou chrétiennes de plusieurs pays (Sénégal, Burkina Faso, Côte d’Ivoire) ont annoncé la suspension des cultes. Les compétitions sportives et les manifestations culturelles sont également visées par des mesures de restriction, d’interdiction ou de report. Le Championnat d’Afrique des nations de football (CHAN 2020), prévu en avril au Cameroun, est ainsi reporté sine die.