Quatre hommes condamnés à mort pour le lynchage d’une femme
Quatre hommes ont été condamnés à mort ce mercredi 6 mai en première instance au tribunal de Kaboul pour le lynchage d'une femme survenue dans la capitale afghane en mars dernier. Depuis samedi 2 mai quarante-neuf suspects comparaissaient devant le tribunal. Parmi eux, 19 policiers poursuivis de divers chefs d'accusation, dont violences et meurtre.
"Nous, les juges du tribunal de première instance des crimes contre la sécurité nationale, avons décidé à l'unanimité la condamnation de Zainul Abiddin, Mohammad Yaqub, Mohammad Sharif et Abdul Bashir à la peine capitale par pendaison», a déclaré le juge Safiullah Mojaddidi.
Le tribunal a également condamné huit autres hommes à 16 ans de prison et en a relaxé 18 autres dans cette affaire ayant choqué l'opinion publique en Afghanistan et à l'étranger.
Le 19 mars, Farkhunda, 27 ans, avait été battue à mort, puis brûlée et jetée dans le lit d'une rivière à Kaboul par une foule furieuse qui l'accusait – à tort – d'avoir profané le Coran. Plusieurs policiers avaient assisté, passifs, à la scène, relayée par ailleurs abondamment sous forme de vidéo et de photos sur les réseaux sociaux.
Celle qui est depuis devenue une héroïne n'avait en réalité pas brûlé le livre saint de l'islam. Elle avait dénoncé un religieux autoproclamé qui vendait des amulettes près d'une mosquée. Contrarié, ce dernier l'avait accusée de blasphème et mobilisé une foule pour la lyncher.
Le drame avait provoqué de nombreuses protestations en Afghanistan. Des centaines de personnes avaient défilé à Kaboul. Le président Ashraf Ghani, alors en déplacement aux Etats-Unis, avait fermement condamné ce meurtre, le qualifiant de « haineux ».
Le lendemain de la mort de Farkhunda, il avait ordonné la création d’une commission d’enquête. Le ministère de l’Intérieur a, depuis, annoncé le limogeage de dix-neuf policiers pour négligence, et l’arrestation de vingt-sept personnes.
(Avec Afp)
Nadir Dendoune