Tariq Ramadan mis en congé de l’université d’Oxford, et maintenant ?

 Tariq Ramadan mis en congé de l’université d’Oxford, et maintenant ?


Une dizaine de jours après que le théologien a été accusé de viol par deux plaintes en France, Tariq Ramadan a été mis en congé de son poste de professeur d’études islamiques contemporaines à l'université d'Oxford, « d’un commun accord » précise l’université. Selon nombre d’observateurs, la prestigieuse institution a manifestement agi pour désamorcer « une situation qui devenait intenable », au moment où l’intéressé est également accusé d’abus sexuel sur des mineures en Suisse.


Précision de taille qui choque aujourd’hui les militantes féministes, la prestigieuse université maintient l'auteur dans ses fonctions de « membre associé » car les « plaintes pour viol n'ont pas été déposées sur le sol britannique ».


Dans un communiqué, relayé par le site du journal Le Monde, l'université britannique se veut visiblement rassurante en soulignant que « les obligations d’enseignement, de supervisions et d’examens du professeur Ramadan seront redistribuées et qu’il ne sera pas présent à l’université ni au collège ».


Par ailleurs le même communiqué semble se justifier en répondant aux critiques portées contre l'institution en raison du temps qu'elle a pris pour réagir. L'université d'Oxford aurait ainsi « constamment reconnu la gravité des allégations portées contre le professeur Ramadan, tout en insistant sur l’importance d’un juste équilibre, du principe de justice et du respect de la procédure ».



L'Université affirme avoir aussi agi en vertu de son "souci premier du bien-être de ses étudiants et de son staff"


Mais pour certains analystes proches du dossier, la décision fut difficile aussi au sein du département d’études islamiques contemporaines, logé au Saint Anthony’s College, étant donné que les locaux de l’institution ont été largement rénovés il y a quelques années par un généreux don du Qatar de onze millions de livres. Or l’intellectuel suisse est précisément sous contrat avec le Qatar dans le cadre de cette même chaire d'enseignement à Oxford de sciences islamiques contemporaines.


 


Présomption d’innocence appuyée et agendas idéologiques


Outre-Manche, malgré un système judiciaire dit accusatoire, les plaintes pour viol qui pèsent sur Tariq Ramadan ont mis du temps pour être prises au sérieux, en dépit des récits imagés des plaignantes. Selon les étudiants du professeur Rogan, cité par les inrockuptibles « il s’agit en effet d’une autre manière pour les Européens de s’attaquer à un intellectuel musulman éminent ».


Le communiqué de l'université, relayé par Tariq Ramadan sur sa page Facebook, annonce en outre que ce « congé mutuellement accepté n’implique aucune présomption ni acceptation de la culpabilité et permet au professeur Ramadan de se concentrer sur les allégations très sérieuses qui sont portées contre lui et qu’il conteste catégoriquement. »


Cependant l'objectif des anti Ramadan est d'ores et déjà atteint : l'homme ne pourra sans doute plus jamais exercer le métier d'enseignant.


En pointe dans l’offensive anti Ramadan, la militante féministe LGBT Caroline Fourest a consacré ses réseaux sociaux, dont son blog traduit à l’arabe, pour rassembler des voix en vue d’une pétition pour une suspension complète de son adversaire idéologique.


Réagissant à une Une de Charlie Hebdo suggérant qu’il a été trop clément envers Ramadan, Edwy Plenel déclare sur Twitter : « Avec l'affaire Ramadan, un projet politique veut se remettre en selle », ajoutant : « Ils peuvent me haïr, ils ne parviendront pas à m’apprendre la haine », une référence à Romain Rolland, prix Nobel de littérature.


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Seif Soudani