Affaire Adama Traoré : non-lieu des gendarmes confirmé ?
Affaire Adama Traoré. C’est aujourd’hui que la justice examine l’appel du non-lieu prononcé à l’encontre des trois gendarmes qui ont interpellé le jeune homme de 24 ans, en 2016.
Les avocats de la famille réclament un renvoi devant une juridiction de jugement où un débat contradictoire pourra dire si les violences étaient ou non proportionnées et nécessaires.
En septembre dernier, les représentants des forces de l’ordre ont bénéficié d’un non-lieu. Ils n’ont jamais été mis en examen dans cette affaire, mais seulement placés en novembre 2018 sous le statut de témoin assisté.
Maintenu au sol
Adama Traoré est décédé, le 19 juillet 2016 dans la caserne de Persan, deux heures après son arrestation à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise) au terme d’une course-poursuite, un jour de canicule où la température avait frôlé les 37°C.
Il avait été interpellé lors d’une opération visant son frère Bagui, suspecté d’extorsion de fonds.
Comme pour Nahel M., tué à Nanterre fin juin par un policier, sa mort avait suscité plusieurs nuits de violences à Beaumont-sur-Oise et aux alentours.
Depuis, les proches d’Adama Traoré accusent les militaires d’avoir causé sa mort, en pratiquant un « plaquage ventral » qui a causé une « asphyxie positionnelle » fatale.
Ils soulignent les déclarations initiales d’un des gendarmes selon lequel Adama Traoré « a pris le poids de nos corps à tous les trois », lors de son menottage dans l’appartement où il s’était caché, sans témoin ni vidéo.
Adama Traoré a fait un malaise dans le véhicule des gendarmes avant de décéder dans la cour de la brigade de Persan.
« Coup de chaleur »
La famille accuse les gendarmes de n’avoir pas porté secours au jeune homme, laissé menotté jusqu’à l’arrivée des pompiers. Ce dossier a connu une âpre bataille d’expertises médicales.
Selon un rapport de quatre experts belges en janvier 2021, le décès d’Adama Traoré a été causé par un « coup de chaleur » qui n’aurait toutefois « probablement » pas été mortel sans son interpellation.
Dans leur ordonnance, les magistrats, qui ont prononcé le non-lieu, ont estimé que « les éléments de la procédure ne permettaient pas d’établir l’usage d’une force non strictement nécessaire ou disproportionnée ».
Fin juin, la Défenseure des droits a relevé des « manquements » quant aux secours apportés à Adama Traoré et demandé « des poursuites disciplinaires » contre les trois gendarmes ainsi qu’un adjudant-chef, présent à la caserne.