Actuellement en salle “Inchallah, un fils” de Amjad Al-Rasheed
“Inchallah, un fils” est, depuis le 6 mars, au cinéma dans toute la France. Pour son premier long-métrage, le Jordanien Amjad Al-Rasheed raconte le combat d’une jeune veuve qui risque de tout perdre par le fait d’une loi archaïque.
L’histoire du film se déroule en Jordanie. Après la mort soudaine de son mari, Nawal, (actrice palestinienne Mouna Hawa), 30 ans, doit se battre pour sa part d’héritage et pour sauver sa fille et sa maison, dans une société où avoir un fils changerait la donne. Puisque selon la loi, si le défunt n’a pas d’héritier mâle, la belle-famille a droit à l’héritage. Nawal décide de mentir, prétendant être enceinte, pour suspendre l’ordonnance d’un juge, pour conserver son appartement et la garde de sa fille Nora.
Selon la législation jordanienne, et dans plusieurs pays arabes, si une femme n’a pas de fils, en cas de décès du conjoint, la famille du défunt a droit à une part de l’héritage.
Dans ce premier opus Amjad Al-Rasheed plonge dans l’univers compliqué des veuves qui doivent se battre pour protéger leur droit et ceux de leurs filles. Le film a été présenté en mai 2023 à la Semaine de la critique, où il a obtenu le Prix à la diffusion de la Fondation Gan pour le cinéma. C’est le premier film jordanien sélectionné au Festival de Cannes.
Le film représente la Jordanie aux Oscars 2024
Dans les interviews qu’il a accordées aux médias, à l’occasion de la sortie de son film, Amjad Al Rasheed raconte s’être inspiré d’une histoire vraie. De celle d’une parente proche à lui. Il a voulu porter son histoire à l’écran, raconter à travers elle, le sort des femmes dans la même situation que Nawal, son héroïne, qui a inventé une grossesse imaginaire pour ne pas se retrouver dans la rue avec sa fille.
Le film sorti dans toute la France est une co-production entre la Jordanie, la France, l’Arabie saoudite, et le Qatar. Le réalisateur dit vouloir raconter le combat des femmes qui sont souvent contraintes de quitter leur maison et tout perdre, puisque la maison doit être partagée avec les frères et sœurs du défunt. C’est pourquoi avoir un fils, dans les pays ou cette loi est appliquée, change la donne pour la veuve et pour les enfants orphelins.
Harcelée de toutes part, Nawal, désormais seule, se bat dans un univers masculin, subissant des pressions du beau-frère Rufqi, ( Haithan Omari) se disant dans son droit, de la famille, de la rue, en un mot, du patriarcat. Salué unanimement par la crique, le film représente la Jordanie aux Oscars 2024.
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