Actuellement dans les salles, Little Palestine, Journal d’un siège

 Actuellement dans les salles, Little Palestine, Journal d’un siège

Abdallah Al-Khatib est palestinien, né à Yarmouk, il commence à filmer de 2013 jusqu’en 2015

Little Palestine, journal intime du siège du camp de Yarmouk à Damas. Un documentaire poignant de Abdallah Al-Khatib.

 

C’était un quartier vivant intégré à la capitale, Yarmouk situé en banlieue de Damas, est devenu un vaste espace, entre ciel et terre où on tue à bas bruit. Il a abrité le plus grand camp de réfugiés palestiniens au monde, de 1957 à 2018. Suite à la révolution syrienne, le régime de Bachar Al-Assad assiège le quartier considéré comme un noyau de résistance. Le siège a duré de 2013 jusqu’à 2018.

Abdallah Al-Khatib connait son sujet. Il est palestinien, né à Yarmouk. Jeune militant du Fatah, principale organisation palestinienne, il commence à filmer de 2013 jusqu’en 2015, et documente avec ses amis le quotidien des assiégés. Le film est conçu non pas comme une enquête journalistique mais comme un journal intime, d’où le titre.

C’est une reconstitution du supplice vécu par les réfugiés au quotidien. Sauf que, malgré les privations, la faim et la peur, ils ont essayé de survire, chantant et dansant et mettant à l’honneur une belle vertu, la solidarité.

Des efforts qui ont porté leurs fruits, mais pas pour tous. Plusieurs des habitants du quartier, attrapés par la caméra de Abdallah Al-Khatib, succomberont à la faim. Et des centaines de vies transformées à jamais par la guerre et le siège.

Le calvaire de Yarmouk est passé sous silence

Le réalisateur a voulu témoigner dans son film de 89 minutes, du courage des habitants de Yarmouk. Privés de nourriture, de médicaments, d’électricité, et souvent de toit, les réfugiés palestiniens se retrouvent littéralement coupés du monde. Ils continuent cependant à résister. En documentant la vie des gens et leurs souffrances, Abdallah Al-Khatib a levé le voile sur un pan méconnu de l’impact de la guerre syrienne.

L’opinion publique occidentale n’a en effet rien vu. Alors que la plupart des étapes de la guerre sont documentées, le calvaire de Yarmouk est passé sous silence. Pourtant, une scène tristement célèbre prise par les Nations unies, résume tout. Celle d’une marée humaine venue mendier de la nourriture dans un paysage de désolation. En 2018, le camp a été entièrement rasé, pour combattre les djihadistes, selon la propagande officielle du régime de Bachar.

La plupart des survivants de Yarmouk sont aujourd’hui dispersés aux quatre coins du monde. Le documentaire du Palestinien Abdallah Al-Khatib, Little Palestine, restera un repère poignant et authentique contre l’oubli. Il est projeté dans plusieurs salles de France, dont l’espace 1789.

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