Accidents du travail mortels en hausse qui pourraient être liés au Covid
En un mois, trois accidents du travail mortels suite à des chutes de hauteur se sont produits dans les Hauts-de-France, contre huit sur toute l’année 2019. La direction régionale des entreprises (Direccte) se questionne sur un relâchement concernant les mesures sécuritaires de prévention depuis le déconfinement.
Tombant du toit d’un silo à Dunkerque (Nord), un cordiste âgé de 48 ans est décédé le vendredi 26 juin. Avant lui, un couvreur avait fait une chute mortelle de dix mètres à Arras (Pas-de-Calais) : un barreau de l’échelle sur laquelle il était monté depuis un balcon, avait cédé. Un nouvel accident dans la Somme d’un conducteur de camion ayant fait une chute de 15 mètres, qui, pour surveiller le déversement de son béton, a grimpé sur un toit de tôle qui a également cédé sous son poids.
Un nombre croissant d’accidents de travail
Depuis la relance de l’activité économique, ce sont trois accidents du travail mortels qui ont eu lieu dans les Hauts-de-France, mais aussi d’autres accidents graves : un salarié est tombé d’un échafaudage non protégé dans l’Oise, un apprenti couvreur de 18 ans est tombé d’un toit non protégé dans la Somme, une autre chute est survenue à partir d’un toit non protégé à Amiens…
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Des mesures de protection insuffisantes
La direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) des Hauts-de-France, chargée notamment, du respect de la réglementation du travail, a tiré la sonnette d’alarme dans un communiqué le jeudi 2 juillet : « Cette recrudescence d’accidents est sans commune mesure avec ce qu’on a connu sur l’ensemble de 2019 », a déploré Brigitte Karsenti, la directrice régionale adjointe de la Direccte. En effet, sur l’année 2019, huit accidents mortels du travail en relation avec des chutes de hauteur avaient été comptés dans la région. Ce sont l’absence de barrières de protection, l’utilisation d’équipement inapproprié, etc qui sont notamment remis en cause.
Quel lien avec le Covid-19 et la relance économique ?
Une hypothèse a été émis concernant la relation que peuvent entretenir cette hausse d’accidents et le déconfinement : « Cela peut être lié à des problématiques de désorganisation du travail [matériel indisponible, approvisionnements décalés]. Mais aussi à une volonté de rattraper le retard de commandes qui n’ont pu être honorées pendant le Covid. Cela peut favoriser les situations à risque », a déclaré Cécile Delemotte, cheffe du service santé sécurité au pôle travail de la Direccte. Là où il aurait fallu installer une nacelle, on voudra aller plus vite en se servant d’une simple échelle. « Le fait de focaliser sur les risques liés au Covid a pu aussi contribuer à mettre au second plan l’information à la sécurité » ajoute-t-elle.
Ne pas avoir exercé pendant quelques mois a pu aussi entraîné un certain « relâchement ». « Nous voulons alerter ceux qui organisent le travail, les employeurs, les donneurs d’ordre, les maîtres d’ouvrage : il est de leur responsabilité d’organiser la reprise d’activité en sécurité, en anticipant les risques », a martelé Brigitte Karsenti, avant d’ajouter qu’ « il faut que chacun soit vigilant à son niveau. » De ce fait, la Direccte a appelé les inspecteurs du travail à accroître leur vigilance dans leurs contrôles.