Abdelmadjid Tebboune : « L’Algérie est incontournable pour la France »
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé le lancement avec son homologue français d’un travail mémoriel sur l’histoire commune aux deux pays. Deux historiens, un pour chaque nation, s’attelleront à cette tâche qui doit apaiser les relations souvent houleuses entre Paris et Alger.
Lors d’un entretien téléphonique, les deux chefs d’État ont décidé de mener un travail commun sur les questions mémorielles. Un sujet sensible, dont les blessures sont toujours vives près de 60 après l’indépendance. Côté français, Emmanuel Macron a nommé le spécialiste de l’Algérie Benjamin Stora. « Il est sincère et connaît l’Algérie et son histoire, de la période d’occupation jusqu’à aujourd’hui », a commenté Abdelmadjid Tebboune dans une interview donnée au magazine L’Opinion. Son homologue algérien sera nommé « dans les 72 heures », a-t-il ajouté.
« Nous souhaitons qu’ils accomplissent leur travail dans la vérité, la sérénité et l’apaisement pour régler ces problèmes qui enveniment nos relations », affirme le président algérien. La question des séquelles de la colonisation française de l’Algérie (1830-1962) revient en effet régulièrement dans le débat public. Une situation que l’actuel locataire du palais d’El Mouradia souhaite visiblement dépasser.
Raconter les crimes
« Il faut affronter ces évènements douloureux pour repartir sur des relations profitables aux deux pays », plaide le président algérien. Ajoutant que « l’Algérie est incontournable pour la France, et la France l’est pour l’Algérie ».
Il se félicite d’ailleurs de la restitution récente des restes mortuaires d’Algériens morts en combattant les troupes coloniales françaises au 19e siècle. Mais, « d’autres crimes méritent d’être racontés », remarque-t-il. Il cite notamment la prise de l’oasis de Zaatcha et les massacres des troupes du maréchal de Saint-Arnaud.
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Toutefois, M. Tebboune exclut de demander des compensations financières de la colonisation. Les Algériens « tiennent beaucoup plus à la reconnaissance de l’État français de ses actes qu’à une compensation matérielle », affirme-t-il. Seuls les essais nucléaires menés dans le désert algériens et dont les « séquelles sont encore vives pour certaines populations » pourraient faire l’objet de compensations.