A Tunis, des milliers de manifestants réclament la libération de Abir Moussi

 A Tunis, des milliers de manifestants réclament la libération de Abir Moussi

Des milliers de sympathisants pro Abir Moussi se sont livrés à une démonstration de force dans la capitale hier dimanche 15 octobre, en ayant maintenu une manifestation prévue de longue date, malgré l’incarcération de leur égérie depuis deux semaines et la focalisation de l’opinion nationale sur les évènements en provenance de Gaza.

 

En ce jour symbole qui coïncide en Tunisie avec la commémoration de l’évacuation de l’ancien occupant français, entre 1 500 et 2 000 personnes (selon les estimations officielles) revêtues de T-shirts à l’effigie de la leader de l’opposition sont descendues dans la rue pour protester contre son arrestation le 3 octobre puis son placement en détention deux jours plus tard.

En rejoignant en prison les nombreuses autres figures de l’opposition tunisienne, la cheffe du Parti destourien libre (PDL) fait en effet l’objet de graves accusations relevant de l’article 72 du code pénal, qui prévoit notamment la peine capitale pour toute personne jugée coupable « d’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement, d’inciter les gens à s’armer les uns contre les autres ou à provoquer le désordre, le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien ».

Parmi les slogans scandés à la marche diffusée en direct par l’importante présence sur les réseaux sociaux acquis à Moussi, « Honte aux juges qui ont condamné Abir parce qu’elle résiste » au président Saïed, ou encore « avec l’âme, avec le sang, nous te vengerons Abir !», a crié la foule, tandis que beaucoup brandissaient des pancartes avec une photo, en tenue d’avocate, à l’effigie de la juriste.

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Début des auditions judiciaires

Incarcérée en même temps que Moussi puis laissée en liberté, Meriem Ben Sassi, membre du bureau politique du Parti destourien libre, doit être auditionnée aujourd’hui lundi 16 octobre dans le cadre de la même affaire par un juge d’instruction du Tribunal de première instance de Tunis où une foule de militants PDL a commencé à s’attrouper à Bab Bnet.

Farouche anti islamiste, et estimant que c’est à elle que revient le mérite d’avoir perturbé les travaux de l’ancien Parlement qui a rendu sa dissolution chose aisée par le président Saïed, Abir Moussi s’était pour rappel présentée devant le palais de Carthage pour déposer des recours contre des décrets présidentiels.

Dans sa dernière apparition en vidéo, elle avait affirmé avant son arrestation que le bureau d’ordre de la présidence avait refusé d’accepter son recours et de lui remettre un accusé de réception.

Depuis février dernier, les autorités ont incarcéré plus d’une vingtaine d’opposants, dont le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, et le cofondateur du Front de salut national − la principale coalition d’opposants Jaouhar Ben Mbarek, ainsi que des personnalités dont d’anciens ministres et hommes d’affaires.

 

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