A Sarcelles, la ville de Mahrez, le cœur vacille entre le PSG et Manchester City

 A Sarcelles, la ville de Mahrez, le cœur vacille entre le PSG et Manchester City

Riyad Mahrez, La «pépite de Sarcelles», milieu de terrain ou ailier droit à Manchester City. MICHAEL REGAN / GETTY IMAGES EUROPE / AFP

A Sarcelles, commune populaire du Val-d’Oise, on est, comme dans toutes les banlieues franciliennes, supporteur du PSG, sauf que ce mercredi soir à 21h, l’équipe parisienne rencontre au Parc des Princes Manchester City en demi-finale aller de la Ligue des Champions. Et chez les Citizens, il y a un certain Riyad Mahrez, pur produit de la ville. Alors forcément chez certains Sarcellois, le cœur vacille.

 

« C’est vrai, on est face à un dilemme. A chaque fois que Riyad a la balle au pied, on aimerait qu’il marque un but, mais en même temps, Paris mérite cette année de gagner la Ligue des Champions », lâche Souley, éducateur et ami d’enfance du milieu offensif de Manchester City.

Bien qu’il soit toujours très lié avec le Mancunien, Souley aimerait que son « club de cœur », le PSG l’emporte. « Riyad aura tout le temps de la gagner la Ligue des Champions. Cette année, elle est pour nous« , reprend en se marrant Souley.

A l’AAS Sarcelles, où il a fait ses débuts, Riyad Mahrez est The star : « le meilleur joueur de l’histoire du club », martèle déterminé Mohamed Coulibaly, le manager du club.

« Grâce à Riyad, les clubs professionnels font désormais plus attention à nos joueurs. Ils espèrent dénicher un autre Mahrez », avoue-t-il.

Il y a quelques années, après l’éclosion de Mahrez dans le championnat anglais, l’AAS Sarcelles a même signé un partenariat avec le PSG. Alors plutôt PSG ou Manchester City ? « Vous savez moi, j’aime le beau jeu. Si le match est de qualité, c’est le football qui gagne », rappelle Mohamed Coulibaly.

Kassoum, Grégory et Emmanuel, tous les trois la vingtaine bien entamée, joue à l’AAS Sarcelles. « Riyad est notre fierté, ils nous donne tant d’espoir alors je serai derrière lui ce soir », s’exclame Grégory. « Ca serait quand même beau qu’il ramène la Ligue des Champions à Sarcelles », enchaine Kassoum, pourtant grand fan du PSG. Emmanuel est « plutôt Paris », mais « si le PSG est éliminé par Manchester City, cela voudra aussi dire que Sarcelles est en finale de la Ligue des Champions ! ».

AAS Sarcelles
Kassoum, Grégory et Emmanuel trois joueurs de l’AAS Sarcelles. Photo : Nadir Dendoune

A Sarcelles, quand Mahrez gagne, c’est toute la ville qui gagne. « Ce type fait du bien à notre commune. C’est une ville populaire avec comme partout son lot de faits divers et avec une image parfois négative relayée par certains médias. Son parcours en plus d’être exemplaire est une bouffée d’oxygène pour beaucoup de Sarcellois et pas seulement pour les jeunes », se félicite Nabil Koskossi, responsable jeunesse et « 46 ans de vie heureuse » à Sarcelles.

Le parcours de ce prodige, devenu aujourd’hui l’un des meilleurs joueurs de la planète, est effectivement admirable.

« Même le plus grand marabout de la ville n’aurait pu imaginer que Riyad devienne le joueur qu’il est « , vanne Souleyman, un de ses meilleurs amis et créateur d’une marque de sport, « H’echborne » dont Riyad Mahrez fait souvent l’éloge sur les réseaux sociaux.

Riyad Mahrez débute le football dès le plus jeune âge. D’abord en bas de chez ses parents, dans le quartier des Sablons, puis au sein du club local, l’AAS Sarcelles dont l’un des terrains porte le nom d’un autre illustre ancien, l’ex-international tricolore Philippe Christanval.

Mohamed Coulibaly se souvient encore très bien des premiers dribbles de l’international algérien à l’AAS Sarcelles. « C’était un bon joueur, très technique mais nous avions au club d’autres joueurs meilleur que lui, et dans tous les compartiments du jeu », explique le manager du club. « Son retard athlétique n’a pas également joué en sa faveur. Ce qui a fait la différence, comme toujours, c’est le mental. Et Riyad, c’est un guerrier. Il a l’œil du tigre ».

Issu d’un milieu modeste, Riyad Mahrez a 15 ans quand son père décède. Au lieu de s’écrouler mentalement, la perte de cet être cher avec lequel Riyad Mahrez était très proche, va le rendre costaud.

« Et sa réussite, il l’a doit aussi en partie à Até », embraie de son côté Souleyman. « D’ailleurs, Riyad n’a jamais oublié ce qu’Até avait fait pour lui ». Até Nzéte, le responsable de l’école municipale des sports s’est occupé de Riyad Mahrez pendant cinq ans, « pendant ses années collèges », détaille-t-il encore.

« Il avait le talent, il lui manquait d’être remarqué. Mais sa réussite, c’est d’abord grâce à lui, c’est le fruit de son travail », tient-t-il à préciser.

Riyad Mahrez
Riyad Mahrez adolescent (en médaillon) en compagnie d’Até Nzéte, le responsable de l’école municipale des sports. Photo : DR

Riyad Mahrez a alors 17 ans et il est temps de partir pour lui. « J’entendais que Riyad Mahrez faisait des essais partout, même en Ecosse alors je suis allé le voir pour lui parler. Je trouvais qu’il allait un peu vite. Il m’a dit « Je veux percer ». Je n’avais jamais vu quelqu’un le dire avec une telle détermination, avec une telle confiance que j’ai pris mon téléphone pour appeler un de mes contacts à Quimper », raconte Até.

Le mardi suivant, Riyad Mahrez est attendu pour disputer un match. Le lendemain de la rencontre, le club de Quimper appelle Até. « Ils avaient viré tous les autres joueurs pour ne garder que Riyad ! ». Riyad rejoint alors Quimper, club de CFA. Dans le Finistère, il partage un studio avec un autre joueur du club, un certain… Mathias Pogba, frère de Paul.

L’année d’après, sans agent, il postule dans les équipes où il y a des réserves professionnelles. Et c’est le Havre, alors en L2 qui lui donne sa chance. Après quatre années au Havre où il finit par rejoindre l’équipe première, Riyad Mahrez part tenter l’aventure anglaise avec Leicester qui joue alors en deuxième division.

Champion d’Angleterre en 2016, il signe avec le grand club anglais Manchester City. La même année, il remporte le ballon d’or africain. International algérien, il gagne la Coupe d’Afrique des nations avec les Fennecs en 2019. Un parcours atypique, hors norme, puisque par rapport à l’immense majorité des joueurs professionnels, il n’est pas passé par un centre de formation.

A 30 ans, Riyad Mahrez a donc presque tout gagné, ne lui manque plus que la Coupe du monde et la Ligue des champions.

Ce soir, au Parc des Princes, il va refouler pour la première fois un terrain de la région parisienne depuis son départ en Angleterre en 2014. Un stade qui portera le nom de Riyad Mahrez sera bientôt inauguré à Sarcelles.

Et comme à chaque match de Manchester City, Atè Nzéte regardera avec fierté jouer Riyad Mahrez. « J’espère qu’il fera un super match mais en tant que francilien, j’espère que le PSG va l’emporter », répète Até Nzété. « Quoiqu’il arrive, on sera de tout cœur avec le vainqueur en finale », conclut-il.

L'immeuble de la famille Mahrez à Sarcelles.
L’immeuble de la famille Mahrez à Sarcelles. Photo : Nadir Dendoune

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