A Paris, Bouden en mission lobbying pour le Sommet de la Francophonie
Invitée par le patronat français du Mouvement des Entreprises de France (MEDEF), la Première ministre tunisienne Najla Bouden effectue une visite de travail à Paris, du 29 au 31 août 2022, pour participer en tant qu’invitée d’honneur à la Rencontre des entrepreneurs de France, « LaREF 2022 ».
L’évènement accueille cette année 10 milles visiteurs dont de nombreux chefs d’entreprises. La cheffe du gouvernement ainsi que la délégation officielle tunisienne composée de Neila Nouira Gongi, ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, de Samia Charfi Kaddour, conseillère de la cheffe du gouvernement, et Samir Majoul, représentant du patronat tunisien, ont été accueillies à leur arrivée à l’aéroport de Paris-Orly par Fabrice Le Saché, Vice-Président et Porte-parole du MEDEF. Un entretien a ensuite eu lieu entre la délégation et Geoffroy Roux De Bézieux, Président du MEDEF à l’Hippodrome Paris Longchamp.
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Officiellement, le meeting avait pour principal objet la coopération économique entre la Tunisie et la France et « les moyens de booster les investissements des entreprises françaises en Tunisie avec un accent mis sur les secteurs compétitifs, innovants et à haute valeur ajoutée en Tunisie tels que les énergies renouvelables les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle ».
Mais, bien plus à l’aise dans la langue de Molière qu’en arabe, Najla Bouden a profité de l’occasion pour prendre à témoin les plus sceptiques quant au fait que le prochain Sommet de la francophonie aurait bien lieu à Djerba en novembre 2022. Elle invoque en cela « Ulysse cédant au chant des sirènes ». « C’est bien à Djerba Monsieur… », lance-t-elle alors au numéro 1 du MEDEF. Assis au premier rang, Geoffroy Roux De Bézieux acquiesce par un sourire courtois. Or, l’audience sait bien que la France n’est pas la seule à en décider en l’occurrence, et que le Canada notamment aurait opposé son véto.
Quand bien même la très francophone responsable tunisienne associe habilement sa présence au MEDEF avec le Forum économique partie intégrante du Sommet de la francophonie, les deux petits mois qui nous séparent de l’event rendent sa mission particulièrement délicate, d’autant qu’il se dit en coulisses que le président français Emmanuel Macron aurait récemment décliné l’offre d’une escale à Tunis à l’invitation de son homologue tunisien en marge du Sommet Ticad 8 la semaine dernière, alors qu’il se trouvait dans l’Algérie voisine, de sorte d’éviter d’embarrassantes pressions.
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Autant dire que Najla Bouden joue son va-tout en France lors de cette visite séduction. Si elle ne réussit pas à y confirmer la tenue du Sommet à Djerba, c’est son propre maintien à la tête du gouvernement tunisien qui pourrait en pâtir via un départ précipité, même si elle est de toute façon donnée partante au terme des élections législatives de décembre 2022, au moment où les négociations avec le FMI, autre périlleuse mission qui lui est confiée, patinent.