A l’espace 1789, le film à ne pas manquer, Nous, d’Alice Diop
Dans les salles de cinéma depuis le 16 février, le film d’Alice Diop, Nous, fortement salué par la critique.
Alice Diop suit la ligne du RER, B, traversée du nord vers le sud, à la rencontre des habitants des cités de banlieues. Dans ce périple quotidien, la trame relie « différents personnages que rien ne lie thématiquement ». Un mécanicien immigré qui vit dans une camionnette à la Courneuve, une femme de ménage à Roissy, un ferrailleur au Bourget, des catholiques assistant à une messe à la mémoire de Louis XVI, une infirmière à Drancy, un écrivain à Gif-sur-Yvette, le suiveur d’une chasse à courre en vallée de Chevreuse. Chacun fait partie d’une pièce qui compose un ensemble. Un possible « Nous ». La cinéaste, elle, qui a grandi dans ces terres périphériques, revisite les lieux de son enfance.
Le film a pris naissance par la lecture du livre de François Maspero, intitulé Les Passagers du Roissy Express, paru en 1990. Un ouvrage qui raconte la randonnée de l’écrivain le long de la ligne du RER B. À travers une fresque sociologique et politique, la réalisatrice mêle sa propre histoire. Alice Diop part ainsi à la recherche des traces de ses parents sénégalais, arrivés en France dans les années 1960. Un voyage initiatique.
Dans son film, la cinéaste s’interroge également sur l’expression : « Nous sommes un peuple », utilisée par certains journaux après les attentats terroristes de 2015.
Qui était ce peuple ?
Au lendemain de la marche du 11 janvier 2015 qui avait réuni deux millions de personnes, suite aux attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, le journal Libération titrait: « Nous sommes un peuple ». Alice Diop qui avait participé à la marche, révèle s’être sentie « curieusement seule dans cette foule ». A partir de là, elle pose la question comme un postulat, un point de départ à son film ; quel était donc ce peuple dont le journal parlait ?
Entre autres réponses, celle du critique du Monde, Mathieu Macheret ; « ces gens des banlieues que rien n’unit, ont en revanche une façon, originale ou traditionnelle, d’habiter le signifiant France. Comme ces jeunes au soleil qui s’extasient en écoutant la chanson d’Edith Piaf, La Foule, ou ces populations bigarrées qui assistent et participent aux festivités du 14 juillet. » Le quotidien accorde également l’appréciation à ne pas manquer au film.
Alice Diop obtient le Grand Prix de la compétition française au festival Cinéma du réel, pour son long métrage documentaire ; La Permanence. Son dernier film Nous a gagné le Prix du Meilleur Film dans la compétition Encounters, ainsi que le Prix du Meilleur Documentaire, toutes sections confondues, à la Berlinale 2021. A ne pas manquer donc !
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