A Arles, le dessin en force

 A Arles, le dessin en force

Cameroun – Une œuvre de Alioum Moussa datant de 2007.

Arles était déjà réputée pour ses rencontres photographiques. Cette ville romaine accueille désormais un autre festival annuel dédié cette fois à une autre forme d’images, le dessin, dont la première édition se déroule jusqu’au 14 mai dans une dizaine de lieux emblématiques de cette cité. En cette journée mondiale de la liberté de la presse, focus sur ceux qui croquent l’actu.

Pour son premier cru, le festival s’est montré ambitieux. Plus d’une quarantaine d’artistes, y compris des inédits de Victor Hugo, des grands noms comme Roland Topor aux jeunes talents émergents comme Adrien Neveu. Et plus de 1000 œuvres à admirer sans compter les près de 200 dessins de Jean-Jacques Sempé, dont les traits plein d’humour et de tendresse ont fait le tour du monde et se sont retrouvés une centaine de fois en couverture du New Yorker mais aussi d’autres publications comme L’Express, Vogue ou Télérama. Ces merveilles sont à découvrir dans un véritable écrin : la chapelle du Museon Arlaten.

Pour le focus sur les dessinateurs de presse, sous le commissariat d’Alexandre Devaux, cap sur Croisière, un tiers lieu arlésien incontournable situé au pied des remparts, à mi-chemin entre le théâtre antique et la Tour Luma. Sur les cimaises, des dessins des plus mordants et cinglants aux plus irrévérencieux et audacieux attendent le visiteur. Des traits coups de poing qui revisitent des moments forts de l’actualité comme l’assassinat du commandant Massoud ou des faits et travers de société. Des passeurs qui mènent en bateau les « boat people » de Mix & Remix, une cueilleuse de fraises qui croule sous le poids d’un énorme fruit rouge dopé aux pesticides par le « satiriste » espagnol El Roto, des gamins réfugiés qui clament avoir » peur de vivre et non mourir » issus de la série les « Enfants de la guerre » de Wozniak … Une statue de la liberté recroquevillée dans un caddie de l’illustrateur suisse Martial Leiter…. C’est notre triste époque qui est croqué sans fard ni déni.

Un seul bémol, quasi aucun artiste originaire des rives sud de la Méditerranée. Gageons que cette absence sera comblée lors de la prochaine édition. De Riad Sattouf à Slim en passant par Nadia Khiari ou Naji al-Ali, ce ne sont pas les talents qui manquent. En attendant, on plonge dans la très belle exposition intitulée Détour qu’abrite l’Eglise Saint-Blaise. Elle donne à voir les fameux carnets Moleskine que tant d’artistes ont noirci ou coloré reflétant ainsi leur humeur et celle du monde.

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Bahreïn – Une œuvre de Yasser Alhasan réalisée dans le cadre d’un atelier ArtWork en 2013.
A droite : Ethiopie – « The Past, The Present and The Future » de Aida Muluneh : Œuvre réalisée en 2021. A gauche : Algérie – « Courage » de Amina Zoubir : une œuvre réalisée en 2022.