Tunisie. Justice : plusieurs condamnations de figures publiques
L’actualité judiciaire reste décidément chargée en Tunisie en cette semaine où plusieurs hommes politiques, hommes d’affaires, et journalistes comparaissaient devant la justice en état d’arrestation, et où plusieurs condamnations lourdes de prison ferme sont tombées.
« La sévérité des verdicts en question ne laisse pas à penser qu’un quelconque apaisement est à l’horizon, encore moins un dialogue politique », selon l’opposition. Ainsi la Chambre criminelle du Tribunal de première instance de Sousse 1 a décidé de condamner l’homme d’affaires et ancien ministre et député, Mehdi Ben Gharbia, réputé proche de l’ancien chef du gouvernement Youssef Chahed, à quatre ans de prison et d’une amende de 50 mille dinars.
Ben Gharbia est accusé de malversations et de corruption financière et administrative en lien avec deux des entreprises qu’il possède. Il écope d’un an de prison pour falsification de documents bancaires, et de trois ans pour diverses infractions fiscales. Le ministère public du Tribunal de Sousse a fait appel de ce jugement, ce qui laisse présager d’un possible alourdissement futur de cette peine.
Moins médiatisé bien que plus lourd de conséquences, peu de temps avant cela, le 9 décembre 2024, la chambre criminelle chargée d’examiner les affaires de corruption financière près le Tribunal de première instance de Tunisie a prononcé le premier verdict à l’encontre de Marouen Mabrouk. Il s’agit également de 4 ans de prison et 400 000 dinars d’amende à l’encontre de l’homme d’affaires et gendre de l’ancien président Ben Ali, dans une affaire liée au trafic d’influence et à l’obtention d’un terrain dans la région de Hammamet prix bradé, en raison de l’intervention de son gendre, ce qui a causé une perte pour l’Etat tunisien d’une valeur de 400 mille dinars, en attendant ses nombreuses autres affaires.
Plusieurs chroniqueurs poursuivis
Le juge d’instruction du tribunal de première instance de Tunis a par ailleurs interrogé, aujourd’hui mardi 28 janvier 2025, l’homme des médias Borhen Bssaïs, tout en maintenant le mandat de dépôt émis à son encontre dans une affaire d’instruction liée à des soupçons de corruption financière. En décembre dernier, le juge d’instruction du même tribunal avait émis un mandat de dépôt contre le journaliste dans le cadre de cette affaire. Une décision similaire a également été prise à l’encontre du journaliste et chroniqueur Mourad Zeghidi.
Quelques jours avant cela, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) avait publié un communiqué confirmant la détérioration de l’état de santé du journaliste Mohamed Boughalleb, en prison depuis plusieurs mois et souffrant de nombreuses maladies chroniques.
Vendredi 24 janvier, la Cour d’appel de Tunis a réduit à un an et six mois une peine de prison (initialement 2 ans en première instance) à l’encontre de l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani, poursuivie pour des publications médiatiques sur « le racisme en Tunisie », dans l’un de ses quatre procès en cours.