Palestine : La Sorbonne annule une conférence de Pascal Boniface

 Palestine : La Sorbonne annule une conférence de Pascal Boniface

L’annulation d’une conférence de Pascal Boniface sur le Proche-Orient, prévue le mardi 21 janvier à l’Université Sorbonne Paris-Nord, est passée quasiment inaperçue. Intitulée « Israël-Palestine : une guerre sans limites », l’événement organisé par l’IRDEF, une association d’étudiants en science politique, avait pourtant suscité un certain engouement, avec 300 inscrits, la jauge maximale. Mais à quelques heures seulement de son déroulement, la présidente fraîchement élue de l’université, Nathalie Charnaux, a décidé d’annuler la conférence pour des « motifs de sécurité ».

Pascal Boniface dénonce une atteinte à la liberté académique

Pascal Boniface, géopolitologue, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et ancien étudiant de l’université, a réagi avec amertume. « J’étais heureux de retourner dans ce décor qui a accompagné ma formation », a-t-il déclaré sur sa chaîne YouTube, avant de dénoncer un « acte de censure » qu’il juge contraire à la liberté académique.

L’indignation des organisations étudiantes

Les étudiants de l’IRDEF, organisateurs de l’événement, ont également exprimé leur indignation dans un communiqué : « Cette annulation s’inscrit dans un contexte global de répression des voix qui dénoncent les massacres à Gaza et la politique d’apartheid de l’État d’Israël. »

Cependant, l’affaire n’a guère dépassé le cadre universitaire, et seul un petit rassemblement a eu lieu devant l’université pour demander un éventuel report de la conférence.

Un engagement constant sur la question israélo-palestinienne

Ce n’est pas la première fois que Pascal Boniface fait face à des polémiques liées à son positionnement critique sur la politique israélienne.

En 2003, son livre Est-il permis de critiquer Israël ? avait provoqué de vives tensions au sein du Parti socialiste, où il militait depuis plus de deux décennies. Ces désaccords avaient conduit à son départ du parti.

Depuis, Boniface n’a cessé de dénoncer ce qu’il considère comme un verrouillage du débat sur la question israélo-palestinienne en France. Selon lui, les pressions exercées pour faire taire les critiques d’Israël participent d’une logique d’exclusion :

« Comme il est bien difficile aux soutiens de la politique israélienne de défendre l’occupation avec des arguments et des principes de justice, ils ont systématiquement recours à l’attaque et à la diabolisation de l’adversaire dans les débats. »

Des pressions qui interrogent la liberté académique

Cette affaire soulève des questions fondamentales sur la liberté académique en France. L’université, lieu par excellence de débat et de réflexion critique, doit-elle céder à des pressions politiques ou sécuritaires sur des sujets controversés ?

Pour Pascal Boniface, la réponse est claire : « Une conférence annulée pour des « raisons de sécurité », sans aucune autre explication crédible, constitue une atteinte directe à la liberté académique.»

>> A lire aussi : Point de vue. L’ère des nouveaux sophistes