La discrète ascension de Moez Zouari parmi les plus grandes fortunes de France
Lorsque l’on évoque les plus marquantes success stories des Tunisiens à l’étranger, les récentes frasques judiciaires de Sadri Fegaier avaient fini par faire oublier l’exemplarité du parcours de Moez Zouari. Avec une fortune totale estimée à 1,25 milliard d’euros, le couple Moez-Alexandre et Soraya Zouari vient en effet frapper à la porte du top 100 des plus grandes fortunes françaises.
Le dernier classement en date publié par Challenges recensant les 500 plus grandes fortunes de France a en effet placé le groupe Zouari à la 104ème place. À 53 ans, entrepreneur acharné et réputé pour sa discrétion, l’homme d’affaire d’origine tunisienne a bâti son empire en misant sur les magasins de proximité.
L’homme d’affaires Moez-Alexandre Zouari est ainsi en passe de devenir l’unique propriétaire de l’enseigne Picard. Un « rêve de gosse » pour ce commerçant-né, petit-fils d’un importateur de sucre tunisien, qui a forgé son succès en s’attelant à la gestion de magasins par franchise. Associé à sa femme Soraya, il est aujourd’hui l’un des principaux magnats de la distribution française. Franprix, Monoprix, Picard, Stokomani, Maxi Bazar, Boulangerie de Louise, Jardiland, etc. Toutes ces enseignes, bien identifiées des Français, sont liées à divers degrés à ce tandem.
Un « grinding » patient et méthodique
« Parti d’une supérette en 1998, ce couple a bâti un empire de 1 500 magasins Picard, Maxi Bazar, Stokomani et Franprix. Il avait échoué cet été à reprendre Casino, mais devrait monter à 60 % de Picard », explique Challenges.
Pour autant, Zouari ne dort pas sur ses lauriers et continue de s’étendre et repasse à l’offensive. Aujourd’hui encore, jeudi 16 janvier, le quotidien La Lettre titre : « Casino : le fonds Attestor signe un chèque au trio Niel-Zouari-Pigasse pour solder leur contentieux ». C’est que le hedge-fund britannique, qui vient de sortir de Casino, a sollicité un accord transactionnel pour échapper à une plainte déposée contre lui par les trois hommes d’affaires. Ceux-ci lui reprochaient d’avoir fait capoter leur rachat en se rangeant du côté de Daniel Kretinsky, un concurrent.
Le 30 septembre 2024, en rachetant les parts de l’enseigne de surgelés qui lui manquait pour 1,1 à 1,2 milliard d’euros, Moez-Alexandre Zouari continue de diversifier son empire dans la grande distribution, avec d’un côté les enseignes premium de proximité et de l’autre les enseignes discount.
« Zouari sort le chèque à neuf zéros ! », s’exclame alors un média local. Depuis 2020, plus de la moitié du capital de Picard était pour rappel détenue par le fonds Lion Capital, le businessman possédant le reste des actions. Mais le tunisien s’apprête à mettre la main sur la globalité du capital de l’enseigne de surgelés, au premier trimestre 2025, avec l’aide du fonds ICG, soutien de son holding, en rachetant 51 % du capital. Montant de la transaction : 1,1 à 1,2 milliard d’euros, soit l’équivalent de l’actuelle fortune du groupe Zouari, qui double en quelque sorte la mise. « Un prix basé sur une valeur d’entreprise de 2,2 à 2,4 milliards d’euros, elle-même calculée sur la base de l’excellent excédent brut d’exploitation – 240 millions d’euros – multiplié neuf à dix fois », relève Challenges.
Une idylle de lycée
Moez-Alexandre Zouari rencontre sa future épouse Soraya en classe de 1re au lycée Hélène-Boucher, dans le 20ème arrondissement de Paris. Il fait ensuite des études de commerce à Dauphine, après lesquelles il épouse Soraya. Lorsque Soraya et son futur mari se rencontrent, ce sont deux enfants de l’immigration tunisienne : l’étudiante en médecine, travailleuse et introvertie, et le jeune homme plutôt extraverti. Après leur mariage, ils se lancent dans le développement de leurs propres activités en répartissant les rôles : Moez au commerce et au développement du réseau d’enseignes, et Soraya Zouari au management des équipes, l’administratif et la finance.
C’est Soraya Zouari qui assure la gestion quotidienne des réseaux informatiques. Son époux s’occupe quant à lui des acquisitions des magasins et du marketing de points de vente : « Moez peut m’appeler à 8 heures pour me dire qu’un bail doit être signé à midi » raconte-t-elle.
Dans une économie moderne de plus en plus dominée par les achats en ligne et la disparition de nombreux points de vente « physiques », le groupe Zouari a en somme réussi un pari qui pouvait de prime abord sembler risqué voire dépassé : miser sur l’intemporalité et la commodité des increvables commerces de proximité.