Tunisie. L’approvisionnement en médicaments à nouveau perturbé

 Tunisie. L’approvisionnement en médicaments à nouveau perturbé

Les Tunisiens pensaient que le pire était derrière eux en matière de raréfaction de certains médicaments, mais voilà que la crise du secteur pharmaceutique, devenue chronique ces dernières années dans le pays, repart de plus belle en ce début de saison hivernale. Une double peine pour les patients.  

Le président du Syndicat tunisien des propriétaires de pharmacies privées, Zoubeir Guiga, a ainsi fait état mardi 24 décembre 2024 d’une « rupture d’approvisionnement en médicaments dans de nombreuses pharmacies privées ».

La même source a précisé que la rupture d’approvisionnement en médicaments est cette fois due à plusieurs facteurs à l’échelle mondiale et nationale, mais liés principalement en Tunisie au manque de liquidités nécessaires pour assurer l’approvisionnement des pharmacies privées en médicaments auprès des fournisseurs et de la pharmacie centrale, en raison du non-paiement de ses dues par la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) et des retards de payement enregistrés.

 

Les arriérés de paiement, principal facteur

Ces derniers ont en effet atteint une période record de 110 jours. « C’est bien ce qui a entraîné le défaut de paiement de leurs dettes auprès des fournisseurs et de la Pharmacie centrale » a déploré Guiga. Selon le responsable patronal, la rupture d’approvisionnement en médicaments est par ailleurs due à aux coûts toujours plus élevés des matières premières importées, dont le prix aurait récemment triplé.

Une situation qui a obligé plusieurs laboratoires locaux à ne plus fabriquer dorénavant de nombreux médicaments coûteux, d’autant plus que les prix des médicaments n’ont pas été révisés depuis 2021, et alors même que la décision d’augmenter les prix avait été prise récemment et unilatéralement par la Chambre nationale d’industrie pharmaceutique dans l’ambition de protéger la production pharmaceutique locale, un secteur clé devenu un enjeu de santé publique.

Le président du Syndicat tunisien des propriétaires de pharmacies privée a en outre appelé l’Etat à réduire dans un premier temps les délais de payement par la CNAM à 60 jours, insistant sur le fait qu’une politique du pourrissement via poursuite de cette situation intenable pourrait entraîner la faillite de nombreuses pharmacies privées, notamment celles situées dans les zones les plus reculées du pays.

Le secteur de la production pharmaceutique connaît en réalité une crise structurelle. L’industrie pharmaceutique locale en Tunisie couvre ainsi jusqu’à 78% de la consommation locale, alors que seulement quatre entreprises tunisiennes sont autorisées à fabriquer des médicaments biologiques qui ont un lien direct avec la majorité des médicaments manquants. Or, celles-ci se trouvent sanctionnées par la hausse du coût de production à l’échelle internationale sans l’intervention de l’Etat pour y remédier.