L’Ile-Saint-Denis : Abdelkader Dahou est décédé
La disparition tragique d’Abdelkader Dahou, conseiller délégué à la jeunesse à l’Ile-Saint-Denis depuis 2020, à l’âge de 40 ans, laisse un vide immense dans le cœur de tous ceux qui l’ont connu. Figure emblématique de cette banlieue populaire, Abdelkader était une personne dotée d’une personnalité chaleureuse, d’une incroyable force et d’une résilience face à sa maladie génétique.
Le 12 décembre, après plusieurs jours dans un état critique, suite à un accident survenu le 9 décembre, il a succombé à ses blessures. Sa perte a fait l’effet d’une onde de choc à travers la ville, bouleversant non seulement ses proches, mais aussi la communauté qui l’aimait profondément.
Lundi soir, alors qu’il traversait en fauteuil roulant électrique le pont reliant l’Île-Saint-Denis à Saint-Denis, Abdelkader a été percuté par une voiture. Son ami, Nordine, est arrivé sur place quelques minutes après l’incident. « Je devais retrouver Abdelkader à Saint-Denis. J’ai vu un attroupement, ainsi que la police et les pompiers. En parlant avec des témoins, j’ai appris qu’il avait été percuté par une voiture alors qu’il traversait le pont pour rejoindre Saint-Denis »
En dépit de la gravité de la situation, un médecin avait autorisé Abdelkader à rentrer chez lui, et ce n’est que le lendemain que sa famille a pris la décision de l’emmener à l’hôpital. Son état s’est rapidement détérioré. Placé dans un coma artificiel, les médecins redoutaient des blessures internes irréversibles.
« Abdelkader souffrait d’ostéogenèse imparfaite, une maladie qui fragilise ses os. Cet accident aurait pu être évité, il aurait dû recevoir les soins nécessaires plus tôt, déplore dans nos colonnes Mounia, la sœur d’Abdelkader. Même s’il n’a pas été projeté au sol, les conséquences de cet accident ont été fatales. Aujourd’hui, nous pleurons sa perte. »
Dans cette épreuve, Nordine a exprimé son inconsolable tristesse. « Abdelkader était un exemple de courage, il affrontait la vie avec un sourire, même dans les moments les plus difficiles. Sa disparition laisse un vide indescriptible. Un vide que personne ne pourra combler. »
Fan inconditionnel de l’Olympique de Marseille, Abdelkader vivait chaque match avec passion. Ses amis se rappellent encore ses éclats de joie lors des victoires de son équipe, et de la manière dont il savait transmettre son amour pour le club aux autres. « C’était un vrai supporter, il vivait pour l’OM, il l’aimait comme un membre de sa famille », se souvient un proche.
Mais c’est un souvenir particulier qui illumine l’esprit de ceux qui l’ont connu : celui du jour, en août 2021, où Abdelkader était allé au Vélodrome. « C’était le rêve d’Abdelkader de voir l’OM jouer au Vélodrome. Je me souviens de son sourire immense et de l’émotion dans ses yeux quand il a enfin vu son équipe sur le terrain. Ce jour-là, il était plus heureux que jamais », raconte un de ses amis.
Ses amis s’étaient cotisés pour lui offrir ce voyage pour son anniversaire. « Cette photo, on l’a prise au moment du cortège des Marseillais pour rentrer dans le stade, et lors de l’allumage des fumigènes. J’ai voulu lui faire vivre l’ambiance du stade et la vie d’un supporter du début à la fin. À la main, il tenait un fumigène qu’il a pris avec fierté. Il avait peur en raison de son état de santé, mais il est allé jusqu’au bout de son rêve : voir un match au Vélodrome. »
Ce moment, si spécial et vibrant, restera à jamais gravé dans le cœur d’Abdelkader, qui a pu vivre l’excitation d’un vrai match de football, entouré de passion et d’adrénaline.
Pourtant, l’héritage d’Abdelkader Dahou est bien vivant. Ses amis, sa famille et les habitants de l’Île-Saint-Denis, comme Abdel, se souviendront toujours de lui comme d’un homme exceptionnel, avec une joie de vivre contagieuse et une générosité sans égale.
Abdelkader a partagé son bonheur avec ceux qu’il rencontrait, et son sourire restera gravé dans les mémoires de tous ceux qui l’ont croisé.
Le conducteur du véhicule impliqué dans l’accident a été convoqué par les autorités et placé en garde à vue mercredi. «En l’absence de faute caractérisée établie à ce stade (…) la mesure a été levée», précise le parquet de Bobigny qui précise que les investigations se poursuivent.