Tunisie. Reprise du procès des transferts vers des zones de tension
La chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme auprès du Tribunal de première instance de Tunis a décidé de reporter l’examen de l’affaire relative aux réseaux de « transfert » de combattants tunisiens mais de rejeter les demandes de libération des accusés en détention.
Aux ramifications complexes et pudiquement appelé dossier des « transferts vers des zones de tension », l’affaire concerne la période immédiatement post révolution de 2011, lorsque durant quelques années la Tunisie a occupé la première place selon diverses sources crédibles en termes de nombre de combattants déployés clandestinement dans les théâtres de tension essentiellement en Syrie et en Irak, avec un pic à environ 6000 hommes entre 2012 et 2013.
Le parti Ennahdha étant à l’époque à la tête de la coalition « troïka » au pouvoir à l’époque, la justice tunisienne autosaisie dans certains volets, sollicitée par des tiers dans d’autres volets, suspecte une implication plus ou moins directe des dirigeants politiques sécuritaires de l’époque.
Des accusés « high profile »
Lundi 25 novembre, la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme au Tribunal de première instance de Tunis a toutefois répondu à certaines demandes dites préparatoires formulées par la défense de certains accusés, selon ce qu’a rapporté une source judiciaire sur place.
Ainsi la chambre criminelle avait entamé l’examen des transferts « vers des zones de tension et de terrorisme en dehors du territoire tunisien ». Indication en soi de l’ordre de grandeur du dossier, la liste des accusés comprend « des centaines de personnes » selon le Parquet, parmi lesquelles l’ancien ministre de l’Intérieur Ali Laârayedh, un ancien chef de l’équipe de sécurité des avions de ligne, un ancien conseiller au ministère de l’Intérieur ainsi que le porte-parole officiel de l’organisation interdite Ansar Al-Charia.
Les avocats de certaines personnes inculpées ont demandé un report et formulé des requêtes préparatoires, notamment une correspondance avec le ministère de l’Intérieur concernant certaines questions liées précisément à la question technique du « transfert », souvent vers la Turquie dans un premier temps, ainsi que des demandes de libération pour leurs clients.
Mais à l’issue de l’audience, la chambre a décidé de rejeter l’ensemble des demandes de libération des accusés actuellement en détention, et également de fixer une date ultérieure pour poursuivre l’examen du dossier et d’accepter certaines des demandes préparatoires présentées par les avocats de certains accusés renvoyés devant la chambre criminelle.
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